Alerte sur les aides à l'apprentissage
28/10/2024 FormationAprès avoir élargi l’apprentissage à l’enseignement supérieur, le gouvernement prévoit de rogner sur l’apprentissage artisanal. Une mesure déjà testée par le président Hollande et qui s’était soldé par un désastre…
Après une réduction de charge qui actait depuis des années le co-investissement entre l’Etat et les petites entreprises pour aider l’embauche des apprentis, le gouvernement a préféré mettre en place une aide renouvelable tous les ans qui met les entreprises en position de quémandeurs. L’aide a ainsi été réduite et en parallèle élargie, sans financement dédié, à l’enseignement supérieur. Face au déficit abyssal que ce manque de prévoyance gouvernemental a provoqué, il est prévu de réduire les aides… pour tout le monde au lieu de concentrer l’économie sur l’enseignement supérieur pour lequel l’apprentissage apporte peu d’intérêt. On a réduit l’aide aux petites entreprises pour l’élargir puis on leur demande des économies ce qui est particulièrement non seulement injuste mais contre-productif car elles sont celles qui forment les apprentis, l’enseignement supérieur ayant déjà ses filières de stages en entreprise avant la réforme. "Avant la réforme de 2018, les aides à l’embauche d’un apprenti ne concernaient que les entreprises de moins de 250 salariés. Certaines étaient réservées aux entreprises de moins de 11 salariés et pouvaient aller jusqu’à 8.000 euros. L’aide a été ramenée à 6.000 euros. Nous sommes vent debout contre le projet de la réduire encore à 4.500 euros pour tout le monde alors que deux tiers des apprentis sont employés dans des entreprises de moins de 50 salariés. Nous demandons le maintien à 6.000 euros jusqu’à ce niveau, voire jusqu’à 250 salariés. Former un jeune sorti de l’école à 16 ans demande du temps et coûte plus de 6.000 euros. L’investissement est beaucoup plus lourd que pour les diplômés du supérieur." Rappelle Michel Picon président de l'U2P interrogé par Les Echos. Le baromètre ISM-MAAF constate le bon bilan 2023 de l’apprentissage en progression de 5% dans les entreprises de moins de 20 salariés, soit 36% de plus par rapport à l’avant covid. Une grande partie de cette hausse est liée à l’ouverture aux formations post bac. Les plus de 25 ans s’engagent de plus en plus, y compris en réorientation après des études supérieures ou reconversion, ce dont profite la coiffure dont le nombre d’apprenti a progressé de 8% l’an dernier pour atteindre 22 970. Près de 22% des apprentis sont employés dans l’artisanat, soient 203 570 l’an dernier avec un taux d’emploi de 67% à 6 mois. L’apprentissage dans l’artisanat a un effet réel sur l’emploi et l’insertion depuis toujours, ce qui est beaucoup moins évident dans l’enseignement supérieur qui a pourtant à fond profité de la réforme…