Le lissage brésilien, c’est un vrai service différenciant pour le coiffeur, à condition de bien le maîtriser. L’Éclaireur a consulté 3 experts, pour vous guider sur le chemin de la réussite ! Cette prestation en plein essor permet d’éliminer volume et frisottis, de discipliner des boucles, d’allier lissage et coloration ou décoloration… Bref, elle ouvre un océan de nouvelles possibilités aux clientes aux cheveux frisés/bouclés. Pour peu, bien sûr, que le coiffeur ait une technique irréprochable !
1 - DIAGNOSTIC : L’ŒIL ET L’OREILLE DU PRO
Sans surprise, cette étape est jugée par tous extrêmement importante. Pour Jean-Jacques Jaouen, directeur technique et artistique de la marque Rlizz, « 90 % des clientes mécontentes le sont à la suite d’un diagnostic mal fait ou incomplet ». C’est bien sûr l’occasion d’examiner les cheveux de la consommatrice : sont-ils fins, épais ? Naturels, colorés, méchés ou décolorés ? Met-elle beaucoup de produits sur sa tête, fait-elle souvent des brushings ? Car de ce constat dépendra le type de lissant que l’on utilisera. « De plus, si la cliente a appliqué du henné, celui-ci fait barrière au produit lissant, ajoute Patrick Bramardi, qui commercialise la marque Global Keratin. Bien sûr, le lissage n’abîmera pas la chevelure, mais il n’y aura alors aucune garantie de résultat. Un vrai risque pour un service tout de même onéreux ! » Surtout, le diagnostic permet de cibler les véritables motivations de la cliente, et donc de distinguer ce qui est possible… de ce qui ne l’est pas. Typiquement, si la femme est frisée-crépue et qu’elle souhaite du « lisse baguette », c’est l’occasion de lui expliquer qu’elle se trompe de prestation. Ou bien qu’il faudra faire précéder le lissage d’un -léger- défrisage. « Si la cliente veut garder ses boucles mais recherche avant tout l’hydratation, poursuit Cécilia Le Saux, formatrice pour la marque Spazzola Progressiva (méthode Claudia Pazzini), on n’utilise pas le même produit que si l’objectif est surtout de lisser. » C’est aussi l’occasion de lui expliquer qu’une fois chez elle, elle pourra obtenir différents résultats, selon qu’elle se fera un brushing (qui sera bien plus rapide) ou non.
2 - UN SHAMPOOING, PLUSIEURS OBJECTIFS
Ensuite, le moment est venu de pratiquer un ou des shampooings anti-résidus. L’idée est, comme le nom du produit l’indique, de débarrasser la fibre capillaire de tous les résidus : restes de laques, coiffants, poussière, etc. La plupart du temps, deux shampooings suffisent : « Mais pourquoi pas un troisième si le cheveu ”glisse”, s’il est trop gorgé de sérums, de silicones ? »
suggère Cécilia Le Saux. Le but est aussi de s’assurer que les écailles sont bien ouvertes. Après ce(s) shampooing(s), on sèche -« sans traction, sans brosse », précise Cécilia-, tout en conservant une certaine humidité. Patrick Bramardi va même plus loin : « Après le shampooing, je conseille de ne pas démêler la chevelure, l’idée étant de tout faire pour laisser les écailles bien ouvertes. »
3 - APPLICATION DU LISSANT : SEPARATIONS ET CHALEUR
Stade suivant : l’application du produit lissant à la kératine. C’est pourquoi il est important d’avoir laissé la chevelure humide, « car c’est l’eau qui véhicule la kératine », souligne Patrik Bramardi. Cette étape est cruciale, et doit être effectuée soigneusement. On sépare la chevelure en 3 ou 4 zones, puis on pose le produit par petites mèches d’un demi-centimètre à 1 cm de largeur. « L’intérêt de faire des séparations ? Pour être plus rapide, travailler la fibre capillaire plus en profondeur, et de façon plus méticuleuse, explique Jean-Jacques Jaouen. Sinon, on risque de se retrouver avec des parties de la chevelure plus lisses que d’autres. » « On applique le lissant à partir d’1 centimètre de la racine jusqu’aux demi-longueurs, conseille Cécilia Le Saux, puis on le travaille bien sur les longueurs. Il vaut mieux procéder comme cela que de le poser sur toute la chevelure : d’expérience, j’ai pu constater que mettre trop de produit débouche sur un temps de séchage très long. » Patrick Bramardi, pour sa part, opère de façon un peu différente : « Je ne badigeonne surtout pas, je pose des points avec le pinceau. Puis, avec deux doigts, je malaxe en allant
allant ”à contre-écailles”, des pointes à la racine. Objectif : assurer une bonne pénétration du soin lissant. Et je retire l’excédent au peigne. » Jean-Jacques Jaouen, de son côté, conseille de travailler le produit aux doigts pendant une dizaine de minutes, en mettant le cheveu à plat, comme pour un soin : « En effet, il faut bien imprégner les parties situées dans la nuque, où il y a une forte densité de boucles. » Pour Cécilia Le Saux, « une fois le lissant appliqué, on peut laisser poser de 10 à 15 minutes sous chaleur, sous le casque à vapeur : ça n’a bien sûr rien d’obligatoire, cela permet simplement d’hydrater et d’ouvrir les écailles ». L’heure est ensuite au séchage. « Objectif : apporter de la chaleur pour favoriser l’évaporation du produit et refermer les écailles du cheveu. La chaleur est aussi un fixateur », note Jean-Jacques Jaouen. Là, on utilise bien sûr le séchoir, les doigts, ou une brosse en poils de sanglier, voire en plastique, mais pas de métal. « Attention à bien lisser les pointes ! » prévient-il. « Cette fois-ci, on travaille dans le sens de la longueur, complète Patrick Bramardi. A ce stade, on doit tout faire pour que les écailles se referment ! »
4 - UN TRAVAIL AUX PLAQUES TRES MINUTIEUX
Etape suivante : l’utilisation des plaques à lisser. « Il s’agit là d’une tâche très minutieuse », avertit Cécilia Le Saux, qui préconise à ce stade de faire des séparations d’un demi-centimètre. C’est en effet ce travail qui permet de « sceller » la kératine dans la chevelure. Il faut passer les plaques trois à quatre fois, en se montrant très attentif. « En racines, on ”tapote” rapidement, ce qui permet de bien faire fondre la kératine », précise Patrick Bramardi. Selon certains formateurs, une température de 180°C-190 °C suffit, d’autres conseillent d’aller nettement au-delà, jusqu’à 220 °C -230 °C. Peut-être est-ce une question de produit ? Bref, si les préconisations en la matière divergent, une règle intangible est à respecter : mieux vaut commencer le travail avec une température légèrement insuffisante, et l’élever ensuite, que l’inverse ! Autre principe : un cheveu naturel et épais exige une température plus haute qu’un cheveu coloré et/ou fin, a fortiori décoloré. Important : après le passage des plaques, on laisse reposer la chevelure 10 à 15 minutes, « pour bien faire retomber la chaleur et éviter toute réaction de ”chaud-froid” », précise Jean-Jacques Jaouen. Attention, également, à utiliser de bons outils : la qualité des plaques est capitale. « Ensuite, on rince, mais bien plus que s’il s’agissait d’un soin ”traditionnel”, poursuit Cécilia Le Saux. Tant que l’on voit de la mousse se dégager, il faut continuer, tout en douceur bien entendu. » Une douceur qui caractérisera aussi l’essorage.
5 - FINITION : PLACE AUX CONSEILS !
Sonne ensuite l’heure de la finition. Le retour au bac s’accompagne de la pose d’un masque destiné à nourrir la fibre capillaire, puis on passe au coiffage. C’est également le moment de prodiguer les conseils d’entretien à la maison : shampooing sans sel, application de produits pour entretenir le service… Cécilia Le Saux est catégorique : « Personnellement, je refuse de pratiquer un lissage brésilien si la cliente ne s’engage pas à entamer un ”suivi beauté” à la maison. Inutile de faire des mécontentes. » Le lissage brésilien, c’est un service qui dure au total 2 à 3 heures, selon la longueur de la chevelure, le résultat escompté… Mais s’il est bien effectué, on en récolte tous les bénéfices en termes de satisfaction de la clientèle.
LES ERREURS LES PLUS FRÉQUENTES
Quand la prestation n’est pas entièrement satisfaisante, les mêmes points sont souvent en cause.
➤ un diagnostic trop rapide, mal fait
➤ l’application d’une trop grande quantité de produit lissant, d’où un rinçage interminable, voire un risque de cheveux légèrement gras
➤ un lisseur peu approprié, d’où un rendu moins qualitatif, voire une dégradation de la fibre capillaire
➤ un travail aux plaques trop rapide ou pas assez soigné