La permanente… difficile à première vue de soulever l’enthousiasme avec ce service en constante chute. . Ce n’est pas faute d’efforts tant marketing que sur le plan des formulations. La permanente d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celle d’il y a 10 ans. Les mauvaises expériences passées des clientes, et surtout le manque de pratique des coiffeurs bloquent une reprise générale. Interrogés sur ce service au quotidien, beaucoup ont des réponses similaires à celle de L’heure triangulaire (Cholet) « Des permanentes ? Ah oui ! j’en ai fait 2 l’an dernier…Non, sans rire, c’est très rare et la plupart du temps nous l’utilisons en support de coiffage, pour une permanente partielle. » Les « coiffures mémoire » plus légères, ne rompant que 10% des ponts cystine contre 30% avec les permanentes traditionnelles, ont permis de rassurer les coiffeurs ayant perdu la main. Surtout lorsque les réactions chimiques s’arrêtent d’elles-mêmes, limitant fortement les risques, pour le coiffeur, de « rater » sa cliente.
Mais la véritable révolution viendra peut-être des dernières techniques autorisant -réellement !- une application associée à la coloration, dans un service unique, sans surprises. Le succès de la couleur a paradoxalement accéléré le déclin de la permanente, rarement recommandée en même temps qu' une technique de coloration. Sachant que les visites s’espacent, essayez de dire à une cliente de revenir dans une semaine pour finir le service et vous aurez la même réaction que si vous appliquiez systématiquement la touche d’essai…elle va ailleurs ! Sans parler du risque d’une sensibilisation extrême du cheveu par des services lourds successifs. Or les stars du moment nous promettent des lendemains colorés ! Coloration et permanente se donnent la main pour soutenir la croissance des services techniques professionnels.
Les notions de soin et de protection sont aujourd’hui totalement intégrées, même pour les permanentes plus traditionnelles longue durée, généralement proches de la neutralité ou légèrement acide. Ainsi, le pH proche de la neutralité apporte les avantages de l’alcaline (nervosité, régularité, tenue) et de l’acide (souplesse, brillance, sécurité).. Chaque fabricant veut croire au redémarrage de ce service, même si ce n’est qu’en soutien de coupe ou de coiffage par la réalisation de techniques sectorielles (dessus de tête, volume sur les côtés, maîtrise d’épi…). Pourtant, depuis 2000, la mode vient aussi au secours de la boucle qui réapparaît par intermittence dans les défilés. Par ailleurs, 1 femme sur 5 a les cheveux bouclés ou rebelles. Beaucoup rêvent de discipline et de définition de boucles, d’autres… de lissage.
Assouplissements partiels, décollements de racines ne sont plus tabous mais pour autant la permanente a très peu de chance de retrouver son aura passée. Si une certaine mode glamour permet de faire de nouvelles propositions, dans l’ensemble la recherche de coiffures simples, pratiques et la croissance du service coloration ne contribuent pas à un développement réel de la permanente. Même si, d’un point de vue purement technique, les produits aujourd’hui disponibles sont bons, le terme permanente est souvent proscrit. Cassure de raideur, assouplissement, forme, soutien de coiffage ou coiffures souples passent mieux. Pas de problème s’il s’agit de maîtriser un épi ou d’une application ponctuelle, en gardant à l’esprit le discours de soin mis en avant par les fabricants. Une logique qui, poussée jusqu’au bout, doit amener à refuser ce service si le cheveu est trop sensibilisé, estiment de nombreux coiffeurs. Didier Collado (Vincennes) insiste : « La plupart veulent surtout du simple à recoiffer, du plaqué, ou les cheveux en l’air. Les actrices ou chanteuses peuvent nous soutenir pour tenter les jeunes. Le problème d’une clientèle plus sage vient de ce qu’elle veut du naturel dans la tenue ce qui n’est pas si évident. La frisette, je la joue plutôt façon accessoire. Par contre je refuse de travailler des cheveux longs abîmés. » Sans oublier que les coiffants permettent déjà beaucoup de choses et que le fer à friser retrouve de nombreux adeptes. Enfin, les abus d’effilage dans les techniques de coupe sont incompatibles avec une bonne permanente, car la matière est altérée par ces (mauvais) coups de ciseaux.
L’enjeu des permanentes plus douces va aussi au-delà d’une simple séduction de la cliente. Des études soulignent que près de 150 millions de travailleurs européens sont, à des degrés plus ou moins importants, exposés à des substances dangereuses. Et surtout qu’ils en ignorent la toxicité. La coiffure communique mieux sur ce thème depuis 3 ans et le message passe. Près de 4% des cancers seraient d’origine professionnelle, sans parler des asthmes, allergies et eczéma. Ces affections seraient à l’origine d’une réorientation professionnelle pour près de 10% des coiffeurs. Les mesures de protection sont simples : utilisation systématique de gants et aussi bonne aération des locaux (c’est même une obligation légale). Pour minimiser les risques allergiques, on conseille plutôt les gants nitriles à ceux qui sont en latex (allergènes pour 5% des coiffeurs). Les gants en caoutchouc synthétique procurent également une bonne résistance physico-chimique. Comme la coloration, l’usage de la permanente est réglementé. Acides thioglycoliques, sels et ester (concentration de 8 à 11%) pour friser, défriser ou onduler les cheveux doivent être utilisés sous le contrôle d’un titulaire du brevet professionnel ou équivalent.