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La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com

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L' équipe de la rédaction de L' ECLAIREUR composée de  Brice Thiron, Florence Baumann assisté de l' éditeur Christian GUY ainsi que d' autres contributeurs occasionnels ont  réuni les archives de L'ECLAIREUR,  Vous bénéficiez ainsi de plus de 75 ans d' expérience de la coiffure cumulées par nos équipes,  lesquelles ont interviewé  les plus grands professionnels,  dans tous les métiers.

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17 février 2011

La technique du brossage : quel intérêt ?

Cent coups de brosse par jour pour avoir une belle chevelure, conseillaient nos grand-mères... Sans aller jusque-là, la technique du brossage, un peu tombée en désuétude, conserve ses afficionados, dans certains salons... Une gestuelle à (re)découvrir et à faire découvrir à vos clientes, surtout à l’heure où les cheveux longs ont la cote ! «Les femmes ont abandonné le brossage parce qu’elles l’ont remplacé par le shampooing !» Tel est l’avis d’Eric Roman (salons «Eric Roman Emoi» à Paris et Nîmes). Il faut reconnaître qu’il y a 50 ans, nos mamies compensaient un peu la rareté des shampooings par de vigoureux brossages destinés à ôter la saleté... Bien sûr, il n’est pas question de revenir à cette époque héroïque. Cependant, on peut regretter que ce geste soit un peu tombé en désuétude aujourd’hui, que ce soit à la maison ou dans de nombreux salons. Car l’intérêt d’un bon brossage de la chevelure est multiple. Tout d’abord, il élimine la poussière, les résidus de sprays, cires, et autres coiffants, les petits cheveux morts... Le brossage permet aussi d’aérer la chevelure et donc de lui redonner du volume, «notamment dans le cas de cheveux fins, un peu plats, qui ont tendance à s’amalgamer à la racine, surtout lorsque le cuir chevelu est à tendance grasse», souligne Catherine Chauvin, directrice de l’Institut René Furterer (place de la Madeleine, à Paris). Bref, le brossage, le bon réflexe pour toutes ? «Une exception : c’est un geste à éviter sur cheveux très frisés, qui deviennent alors crépus», note Eric Roman.

CHOISIR LE BON OUTIL
Le choix du bon outil est primordial : bien sûr, en salon on opte exclusivement pour du matériel professionnel. Les piques métalliques sont agressives, et peuvent casser le cheveu. A l’Institut René Furterer, on utilise des brosses à manche en bois d’olivier et soies de sanglier. «Question forme, poursuit Catherine Chauvin, nous privilégions les brosses semi-rondes, plutôt que les rondes qui peuvent s’enrouler et casser le cheveu.» Pour sa part, Eric Roman aime les brosses «mixtes», moitié en soies de sanglier, moitié en matière synthétique, car, observe-t-il, «la brosse tout en soies de sanglier ne démêle pas forcément bien, on a du mal à «entrer dans la matière». Cela dit, plus on a le cheveu fin, plus on peut se tourner vers des brosses exclusivement en soies de sanglier, car le problème de pénétrer dans la chevelure se pose moins.»


A QUEL MOMENT ?
En salon, avant une couleur, des mèches, voire avant un simple shampooing, un bon brossage permet aux actifs de mieux pénétrer, sur un cheveu rendu le plus vierge possible. Il donne aussi la possibilité de mieux se rendre compte de l’état réel de la chevelure et du cuir chevelu, donc d’affiner le diagnostic. «Nos protocoles de soin, axés sur l’obtention d’un cuir chevelu sain, démarrent systématiquement par un brossage », souligne Catherine Chauvin. D’autant que ce geste comporte aussi un aspect «détente», et constitue déjà à lui seul une sorte de massage.
Mais ce n’est pas tout. Aujourd’hui, le choix des femmes se porte en priorité sur des coiffures qui tiennent mais restent naturelles, qui ne donnent surtout pas l’impression de «sortir de chez le coiffeur». «C’est pourquoi je conseille, une fois que le brushing est réalisé, de brosser la chevelure pour lui donner une souplesse, un aspect naturel...», poursuit Eric Roman. «Si la base est bonne, le brushing restera. Même chose pour les mises en plis sur cheveux longs, pour préserver de la nervosité.» Le brossage s’intégrera aussi dans le conseil délivré par le coiffeur à sa cliente. Chez elle, la femme peut se brosser les cheveux matin et soir ; si elle n’a pas le temps, elle privilégiera le brossage du soir. Pour Catherine Chauvin, ce geste peut même contribuer à espacer les shampooings pour les cuirs chevelus gras : «bien sûr ce n’est qu’un élément, associé à des soins et shampooings appropriés». Question durée, quelques minutes suffisent, sachant que c’est à moduler selon l’épaisseur de la chevelure : plus elle est fine, plus court sera le brossage. 

UNE GESTUELLE ÉTUDIÉE
Comment brosser la chevelure ? Pour Eric Roman, tout dépend du moment : avant le soin, la couleur, ce sera un brossage «dans tous les sens» ; après un brushing ou une mise en plis, bien sûr le geste s’effectuera dans le sens de la chevelure. Pour sa part, la maison Furterer a mis au point une véritable gestuelle, codifiant le geste du brossage pour qu’il soit le plus efficace possible. «On utilise deux brosses, une dans chaque main», détaille Catherine Chauvin. Première étape : on remonte de la nuque vers le front, en utilisant alternativement chacune des deux brosses. Deuxio : en traçant une sorte de raie derrière la nuque, on va des côtés vers le sommet du crâne. Enfin, troisième et dernière étape : en sens inverse du premier geste, on brosse du front vers la nuque. Le coiffeur peut montrer ces gestes à la cliente, «en sachant qu’une fois chez elle, la femme fait... ce qu’elle peut !» sourit Catherine Chauvin. Car même s’il n’est pas facile de reproduire le geste du professionnel, la cliente peut s’en inspirer et apporter à sa chevelure le bénéfice d’un bon brossage.

 

Q. Quelles techniques  de défrisage ?

 

La 3ème édition de Boucle d’Ebène, le salon de la beauté noire naturelle, a été le cadre d’un débat passionné sur les avantages et limites du défrisage. Un débat sans tabou, de haute tenue, entre professionnels : Nicolas Scarxell (Mizani), Taj (Hairy Taj/Avlon), Amale Ayad (formatrice et chimiste) et Peter Mbafor (coiffeur/ distributeur). Comme le rappelle Taj, le cadre historique de l’acte de défrisage est loin d’être anodin : « Les cheveux afro naturels sont parfois revenus à la mode, mais le défrisage existe depuis longtemps. D’ailleurs, cela a été fait avec à peu près n’importe quoi, mais c’était avant tout une question d’intégration sociale. Le but initial était de ressembler au modèle dominant (le Blanc aux cheveux lisses). L’aspect purement mode est arrivé après. Nous ne sommes sortis de l’amateurisme des débuts que depuis à peine 50 ans aux USA et dans les Caraïbes, avant que les techniques ne gagnent le Royaume-Uni puis la France métropolitaine (5% du marché mondial). Un mouvement accompagné par les musiques et les tendances de leaders d’opinion de la communauté. » Et Peter Mbafor de détailler : « à l’origine, les musiciens américains se plaquaient les cheveux à la graisse industrielle ! Ensuite, on s’est mis à travailler à chaud avec  des crèmes, puis ce fut la soude. Les débuts furent difficiles, tout comme pour les produits  « sans-soude » avec lesquels les coiffeurs se sont plantés faute de formation adaptée. »

UNE FORMATION DÉFAILLANTE
La maîtrise technique, c’est bien là que le bât blesse, souligne Taj : « Les techniques ont été très mal enseignées et  peu de coiffeurs tenaient compte de l’aspect corrosif des produits. Les coiffeurs afro discount ont une part de responsabilité dans ces pratiques aberrantes. Heureusement, la situation commence à changer, surtout sous l’impulsion de consommateurs en quête d’un travail enfin qualitatif. » En clair : oui, les défrisants sont parmi les produits les plus agressifs mais non, ils ne crament pas forcément les cheveux lorsqu’ils sont correctement utilisés ! Tout est une question de diffusion de l’information et de formation, encore trop limitées. « Par ailleurs, plutôt que de coiffure afro je préfère parler de coiffure complète. C’est la responsabilité de tout coiffeur que d’avoir connaissance de tous les types de cheveux. Or le défrisage ou même le travail du cheveu crépu sont inconnus de la majorité », regrette Taj. Autre point de polémique : le défrisage enfant. « C’est une escroquerie, s’emporte Amale Ayad, ce n’est que du marketing. Pour séduire les adultes, on a essayé de leur faire croire que l’on pouvait passer outre les techniques classiques. Du coup, ils achètent ces produits pour leurs enfants mais aussi pour eux-même, en les imaginant « doux ». Techniquement, cela n’a aucun sens. Et l’application de défrisant sur les enfants n’est pas à recommander avant 15 ans. Même si les modes d’emploi évoquent l’âge de 10 ans, je ne le ferais pas. » Et les participants de comprendre néanmoins les parents, car le coiffage quotidien d’un enfant au naturel crépu demande du temps.

UNE TECHNIQUE SIMPLE MAIS DÉLICATE
Petit rappel opportun de Nicolas Scarxell : « lors de l’application, il ne faut pas oublier que l’hydroxyde agit sur la structure du cheveu… tout en agressant la peau. Il convient donc de faire attention. La peau se protège et le cheveu se traite par un travail anti-casse et une hydratation régulière. Le cheveu sur lequel est appliqué un ton sur ton a une porosité de 15%, et c’est 25% avec une coloration classique. Or le défrisage thiolé pousse la porosité entre 30 et 50% et l’hydroxyde, nécessaire pour le cheveu crépu, la fait naviguer entre 50 et 90% ! Ces techniques ne sont donc pas anodines. C’est pour cela que la qualité des produits est indispensable notamment avec un cheveu afro fragile par nature. Tout aussi important : l’application et la protection, même si préparer le cuir chevelu fait « perdre » 10 mn. Fait correctement, un défrisage ne peut se brader. Coiffage compris, on compte facilement entre 1 h et 1 h 15, ce qui ne devrait pas être facturé en dessous de 60 euros. Or, en moyenne gamme, les prix sont plus proches de 40 euros, ce qui pose un véritable problème, soit de rentabilisation, soit de pratique correcte. La seule solution viable : monter en gamme, et donc se former pour justifier ses tarifs. » Et Taj d’insister : « ce service est très impliquant, bien plus qu’une coloration, il devrait donc être généralement réservé aux pros. Or ce sont plutôt les particuliers qui se le font, souvent mal (mauvais temps de pose, répartition inégale). » Amale Ayad rappelle de son côté que les pH des défrisages sont au minimum aussi forts que ceux des permanentes, voire supérieurs. « Les sans-soude oscillent entre 11 et 13, les autres atteignent 13 ou 14 de pH ! Les soins et shampooings à pH acide sont indispensables. On ne vend pas la permanente en supermarché, ce devrait être la règle avec les défrisages ! Une simple application peut altérer 30 à 40% de la cuticule, le soin et le geste juste sont obligatoires. Quant au lissage japonais, qui apparaît pour beaucoup comme la solution miracle, il prend 4 heures et c’est une technologie thiolée activée à la chaleur, voile par voile, avec une action mécanique avant la fixation. C’est délicat, très cher et incompatible avec un cheveu déjà traité en technologie hydroxyde. Le thiolé n’est de toute façon pas bien adapté à un cheveu afro, s’il peut à la rigueur convenir à un cheveu d’Afrique du Nord. »

SE POSER LES BONNES QUESTIONS
Et la conférence de partir sur un débat symptomatique autour des blocages psychologiques et culturels... à l’instar de cette femme résumant le malentendu chronique entre consommatrices noires et coiffeurs. « C’est trop cher ! Par ailleurs, je ne vois pas pourquoi je payerais plus qu’une Blanche quand je vais dans un salon. » Et Taj de mettre en avant la logique pure en trois arguments: « Le service de qualité a un prix, un euro la minute, cela n’a rien d’exceptionnel à moins de vouloir des employés sous-payés et sous-formés ou un service expédié. Une Blanche ou plutôt une femme avec des cheveux caucasiens est plus facile à traiter donc prend moins de temps, c’est pour cela qu’elle paie moins ! Enfin, pour ceux qui ont un problème de budget -car le défrisage a un coût fixe (application, entretien) pour la personne qui franchit le pas-, je pose souvent une question simple : avez-vous les moyens d’acheter une voiture de luxe ? Moi non, et cela ne me rend pas malade ! Donc, avez vous besoin de vous faire défriser ? Pas forcément ! On peut survivre sans… » Une conclusion tout à fait du goût des organisateurs du salon Boucle d’Ebène, adeptes de la coiffure afro-antillaise au naturel ! Or Taj insiste bien là-dessus : le défrisage est un des services de cette coiffure mais il y en a bien d’autres (curl, coiffage, couleur, tressage, soin). Qu'on se le dise !