Les fers sont de retour. Reste que trop chauffer dénature les protéines et lipides de la kératine, et font s’évaporer l’eau. D’où l’intérêt des produits spécifiques filmogènes, gainants et protecteurs, mais aussi d’un usage
DES OUTILS PARFAITEMENT MAÎTRISÉ...
« Les coiffeurs sont des artistes qui aiment jouer avec les produits. Depuis qu’ils redécouvrent l’usage de la chaleur, les fabricants les ont suivis en leur proposant des gammes de coiffants thermoactivés », constate Isabelle Leichtnam du service de test salons pour Wella France. Encore en phase d’expérimentation ludique en salon, l’usage de la chaleur passe cependant par des périodes, si ce n’est d’errements, du moins d’erreurs. « La plus classique : mettre à fond les plaques chauffantes pour gagner du temps. Après 6 ans d’expérimentation de terrain, nous avons constaté que la température optimale est située entre 180°C et 190°C, avance Nicolas Chausson de Ghd France. Les températures de nos stylers sont fixés dans cette tranche, qu’ils atteignent en moins de 30 secondes. Le cheveu est suffisamment modifié pour être efficace dans le travail de la forme, quelles que soient sa longueur et sa nature, sans être trop chauffé afin d’éviter une trop grande sensibilisation. La modification de la structure est provisoire et l’effet tient bien, y compris pour créer une boucle nerveuse. C’est plus difficile à seulement 160°C.»
RENFORCER LES COIFFANTS
Isabelle Leichtnam préfère pouvoir choisir sa température, même si elle reconnaît que, pour l’instant, beaucoup de coiffeurs n’ont pas toujours le bon geste pour utiliser la petite molette de réglage ! Le dernier fer de Wella Professionals joue ainsi la carte de la pédagogie avec 3 zones de température visuellement renforcées par un affichage LCD de couleur*. « Dans tous les cas, il faut s’adapter, selon le diagnostic ou simplement selon la réaction de la première mèche travaillée au fer, insiste-t-elle. La chaleur au coiffage a toujours été d’actualité, aussi bien en mise en plis qu’en travail au séchoir et même aux doigts, dont la température modifie les caractéristiques du produit appliqué. Beaucoup de coiffeurs détournent spontanément nos produits de coiffage avec de la chaleur, notamment pour un travail d’anglaises ou de boucles. Nous avons finalement suivi leur demande en créant des coiffants thermoactivés… ce qui ne les empêche pas de jouer avec des produits « classiques », non prévus pour cet usage. » Est-ce grave ? « Non !, rassure-t-elle. Cela permet de modifier les effets, les textures, pour obtenir des résultats inédits… même s’ils ne sont pas toujours ceux escomptés au départ ! » Certains usent de cires matifiantes chauffées pour avoir, paradoxalement, de la brillance, et une matière cheveu différente de celle qui aurait été obtenue avec un coiffant brillance classique. « Le mélange des produits est aujourd’hui courant, alors pourquoi pas ? Le plus important vient surtout de ce que les consommatrices ont déjà pris l’habitude d’utiliser diverses plaques de façon pointue, prévient Isabelle Leichtnam. Le coiffeur ne doit pas se laisser distancer. Il doit être à même de donner des conseils et de valoriser son approche professionnelle. Les coiffants thermoactifs vont dans ce sens, en améliorant le glissement des plaques, et en apportant une meilleure efficacité du coiffage, une meilleure résistance à l’humidité et une durabilité importante, jusqu’au shampooing suivant. »
UN USAGE FACILE MAIS UN GESTE PROFESSIONNEL
Nicolas Chausson conseille également l’utilisation de produits coiffants en parallèle avec les stylers Ghd « avant, pendant ou après le séchoir, le lisseur ou le styler… Les thermoactifs et les thermoprotecteurs sont utiles pour faire varier les effets. En prime, le coiffant permet de limiter la déshydratation de la fibre capillaire lors de l’application. Pour le styler, nous recommandons une utilisation dans un mouvement fluide de coiffage, tant en lissage qu’en boucles. Ce geste est suffisant pour apporter la forme sans sensibiliser. Ce n’est pas la même utilisation que la technique babyliss où l’on marque souvent un temps d’arrêt. » Quelle que soit la technique, il est inutile de s’acharner en passant 3 fois, inutile pareillement de régler les appareils à température maximum. Enfin, attention au conseil, surtout lorsque l’on propose du matériel au public, à l’instar des stylers Ghd, vendus directement chez les coiffeurs. « Il faut traiter correctement le cheveu avant un coiffage thermique, surtout s’il est sensibilisé, insiste Isabelle Leichtnam. Et réduire la chaleur sur des cheveux de cette nature qui, de toute façon, prendront rapidement une forme. Il est aussi utile de réduire la température des plaques lorsque l’on travaille les contours du visage, tant pour le confort de la cliente que du fait de la nature des cheveux de cette zone. » Petite astuce de coiffure homme ? « Pour les looks destructurés ou les crêtes, appliquer les plaques sur les pointes, puis le gel, ou un spray, pour un effet durable. A contrario, pour discipliner les frisottis sur les tempes, les plaques sont également très utiles. » Enfin le conseil le plus trivial et pourtant le plus important : évitez de vous brûler !
*bleu de 120°C à 140°C pour cheveux délicats ; vert de 150°C à 170°C pour cheveux normaux ; rouge de 180°C à 200°C pour cheveux épais.
LES INDICATIONS CLASSIQUES DE LA CHALEUR
L’apport de chaleur est classique pour le brushing, le lissage, le crantage ou le travail des boucles, notamment babyliss. Les appareils chauffants donnent un pli à la tige, les produits le renforcent et protègent le cheveu. Tel gel s’assouplit à la chaleur, tel autre se raidit, après modification de ses polymères. Depuis longtemps, la boucle a été travaillée par chauffage, avant l’arrivée de la permanente à froid ou tiède (chimiques). De même pour le défrisage à chaud. En coiffure, la chaleur sert bien sûr pour le soin (les actifs pénètrent mieux les écailles ouvertes par la chaleur) ou pour réduire le temps de pose d’une technique. Si fer et autres stylers peuvent aider à sécher et à mettre en forme les cheveux déjà essorés, ces appareils ne sont pas des outils de soin. Car si l’effet immédiat est de rendre le cheveu plus brillant, il y a aussi risque de sensibilisation lors d’un usage inapproprié (trop souvent, trop chaud, trop longtemps). Avec le succès du lissage, un usage hybride est apparu : l’utilisation de fer durant le lissage chimique, avant neutralisation.