Proche de la trentaine, la mariée de 2009 sait ce qu’elle veut : être elle-même… mais en mieux ! Loin de l’ultra-classicisme, le chignon laisse échapper quelques mèches, l’attache conduit à penser que la jeune femme s’est coiffée Elle-même… Tout un art ! Nature et longueur des cheveux, style de la robe, de la fête (plutôt champêtre ou plutôt bourgeoise ?), voire taille du mari : autant de paramètres à prendre en compte pour choisir une coiffure de mariée. Reste que celle-ci n’échappe pas non plus aux tendances. Et, bonne nouvelle : les coiffures de mariées ont toujours la cote. « On note d’ailleurs le retour d’une certaine sophistication. Même pour une simple soirée, attaches et chignons réapparaissent », souligne Xavier Scordo (salon « Xavier Scordo » à Nancy). En revanche, pas question d’être totalement transformée. « Les mariées se font de plus en plus naturelles, approuve Vania Laporte, qui a créé, dans son salon bordelais «Vania Laporte», un « Boudoir de la mariée ». On constate d’ailleurs la même sobriété dans le choix de la robe », ajoute-t-elle. Ce qui n’est pas pour autant synonyme de cheveux lâchés. Ainsi, chez Vania Laporte, on travaille des chignons couture, mais les plus simples possible, par exemple en hauteur mais avec de sobres volutes. Nicolas et Lydie Datin possèdent pour leur part, à Nogent-sur-Oise, un salon, « Datin coiffure », qui s’est depuis plusieurs années spécialisé dans les mariages. Pour Lydie Datin, « cette année, les mariées aiment conserver des effets de longueur dans les chignons ; par exemple, les petites mèches qui sortent ont la cote ». « Bref, des coiffures un peu ‘‘à la retourne’’ ! », pour reprendre l’expression de Karine Stipa, directrice artistique du groupe Eric Stipa.
COIFFÉ-DÉCOIFFÉ
A Meylan, tout près de Grenoble (Isère), Marie-Pierre Maïno (salon « Marie-Pierre Maïno ») a aussi largement développé son activité « mariages ». Pour elle, il faut clairement distinguer la demande des communautés juive et musulmane, qui optent encore pour les chignons très couture, très épurés, ou au contraire bouclés, en tout cas très sophistiqués. « Pour les autres, poursuit-elle, si l’on met à part les demandes les plus variées liées à des thèmes (baroque, Japon, Inde…), c’est ‘‘l’hyper-naturel’’ qui a la cote. Effets ‘‘floutés”, fausses tresses et autres coiffé-décoiffé sont au menu des mariages ! » Pour les filles aux cheveux longs, l’idée est en fait de donner l’impression qu’elles se sont attaché les cheveux elles-mêmes, un peu « dans le style magazine », selon l’expression de Xavier Scordo. Quoi qu’il en soit, le chignon très tiré, en bas de nuque ou en hauteur, reste la seule concession au style classique. Pour Karine Stipa, cependant, « à ces femmes qui s’assument totalement, on peut aussi proposer des choses plus marquées. Celles qui jouent le classique y vont à fond, même chose pour certaines d’entre elles qui veulent du volume ».
UN NATUREL TRÈS TRAVAILLÉ
Evidemment, ces effets pseudo-naturels requièrent un important travail. Car le « coiffé-décoiffé » doit tenir jusqu’au bout de la nuit ! « Chez moi, les cheveux ne sont pas exagérément crêpés ni «texturisés», détaille Xavier Scordo. En revanche, on les prépare beaucoup, à l’aide de rouleaux ou du fer, pour leur donner du mouvement. » Ou bien on peut, comme Marie-Pierre Maïno, opter pour un crêpage bien particulier, assez mousseux. Lydie Datin, elle, choisit de préparer le cheveu la veille, par un brushing ou une mise en plis, « pour le gainer ». Xavier Scordo propose, après avoir travaillé le cheveu avec des produits et des plaques en céramique, de réaliser une attache « un peu défaite », avec 5 ou 6 épingles, pas plus. Marie-Pierre Maïno affectionne, par exemple, les queues-de-cheval attachées en trois points différents, dont elle reprend une mèche pour relever négligemment la chevelure… En fait, dans ce type de coiffure, tout se joue au niveau du volume et de la matière. Pour obtenir l’effet recherché, le bon usage des produits et des outils est primordial. Mousses, laques, gels, gloss viennent à la rescousse des jeunes mariées. Shampooings volumateurs et lotions aident à préparer le cheveu. Selon les cas, les sprays facilitent le travail de lissage ou de gaufrage sans tomber dans l’effet « figé », ou bien apportent une touche indispensable de brillance. Sans oublier les plaques à lisser et les fers à friser… Marie-Pierre Maïno, elle, utilise de petits élastiques en silicone pour jouer l’effet « naturel ».
PÉTALES ET GOUTTES D’EAU
Et pour les filles aux cheveux courts, les postiches apportent volume et longueur ; sinon, l’idée est de « sophistiquer » plus que d’habitude, et aussi de jouer sur les accessoires. Lesquels concernent d’ailleurs également les cheveux longs ! « On conseille, quand c’est possible, de récupérer du tissu de la robe, note Karine Stipa, ce qui nous permet de créer de petites formes, comme des pétales. Il nous arrive aussi de réutiliser des accessoires employés lors de nos shows, par exemple des boules de polystyrène… » Lydie Datin, qui a noué une relation de travail privilégiée avec certains fleuristes, aime les fleurs naturelles, mais exotiques, pour donner une touche d’originalité. « On peut travailler des pétales, des fleurs… poursuit Vania Laporte. Je suis assez pour quelques ‘‘petites choses’’, juste posées. » Pour jouer sur une touche romantique/écolo, Marie-Pierre Maïno préconise les perles, les petites gouttes d’eau en plastique transparent ou en plexiglas. Tout est possible, pourvu qu’une certaine sobriété soit de mise…
TEMOIGNAGES
MARIÉE, DIS-MOI QUI TU ES…
En 2009, le mariage ne ressemble plus vraiment à ce qu’il était il y a quelques décennies. « J’ai comme cliente une femme de 42 ans qui convole pour la première fois ! », s’exclame Marie-Pierre Maïno. La future mariée tutoie la trentaine (elle est âgée en moyenne de 28,5 ans), et s’assume pleinement. De plus, une proportion non négligeable de celles qui disent « oui » sont déjà mamans… Car se marier après « bébé » est devenu très tendance ! Conséquence : ces dames savent ce qu’elles veulent. Dans la vie, elles ont trouvé leur style, leur look. Elles arrivent au salon accompagnées de leurs copines, plutôt que de leur mère et avec, en général, des idées bien arrêtées. Autre changement : l’explosion d’Internet. « Beaucoup de mariées ont fait un véritable travail de recherche sur le web (idées, photos…), poursuit Marie-Pierre Maïno. Certaines se sont constitué un vrai dossier. » L’écueil : les photos que l’on trouve sur le Net ne sont pas forcément très qualitatives, ou bien la future mariée craque pour des coiffures qui ne lui iraient pas… Une question de forme de visage ou de nature de cheveux. « Même si, observe Vania Laporte, les femmes plus âgées sont plus terre à terre et réalistes. » Au professionnel, donc, de faire évoluer doucement la future mariée vers d’autres propositions !
LA MARIÉE ÉTAIT EN NOIR
La mariée de 2009 fait fi des longs voiles, traînes et crinolines. D’autant qu’à pratiquement 30 ans, elle peut considérer que ses rêves de princesse ne sont plus d’actualité. La robe peut être courte, laisser place à un « petit tailleur » ou à une simple robe habillée ; en tout cas, elle se pare de lignes pures. Ce qui n’est d’ailleurs pas synonyme de prix bon marché : Marie-Pierre Maïno remarque que le budget consacré à la tenue suit la même courbe que l’âge des mariées, orientée à la hausse ! Fourrure et bottines viennent au secours de celles -plus nombreuses qu’avant- qui osent les mariages hivernaux. L’innovation, c’est aussi l’apparition du noir : total look noir pour les plus audacieuses. Ou sinon une ceinture, un accessoire : une simple touche de noir suffit. Pour Xavier Scordo, « selon la sophistication de la robe, on accentue plus ou moins celle de la coiffure. Ainsi, une robe très sophistiquée appelle plutôt une coiffure simple, et l’inverse est vrai aussi ». L’idée étant d’éviter le « too much » !
La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com