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La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com

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L' équipe de la rédaction de L' ECLAIREUR composée de  Brice Thiron, Florence Baumann assisté de l' éditeur Christian GUY ainsi que d' autres contributeurs occasionnels ont  réuni les archives de L'ECLAIREUR,  Vous bénéficiez ainsi de plus de 75 ans d' expérience de la coiffure cumulées par nos équipes,  lesquelles ont interviewé  les plus grands professionnels,  dans tous les métiers.

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28 janvier 2011

C'est arrivé une seule fois au salon , et ce fut une mauvaise expérience.. Quels conseils donneriez vous pour rattraper une coupe ratée?

Merci d' avance
Sylviane

Rattraper une coupe ratée, mission impossible ? Peut-être pas, mais cela reste difficile, car les difficultés sont autant d’ordre technique que psychologique. Même si, il faut le reconnaître, il y a une bonne nouvelle : les ratages techniques sont nettement plus rares aujourd’hui… « Peu de coiffeurs ont de grosses lacunes  en coupe actuellement », confirme Daniel Montesantos, professeur et directeur de l’académie éponyme. « Au début du développement des chaînes, on constatait nettement plus de problèmes qu’aujourd’hui, de même lors de l’installation de Toni&Guy en France, puisque tout le monde a essayé de les imiter en faisant n’importe quoi, avec des effilages sans structuration, ajoute Patrick Ahmed (Medley), formateur spécialiste des techniques anglo-saxonnes. En plein pic de cette tendance, je pouvais voir 2 ou 3 clients qui correspondaient à ce profil chaque semaine. Mais le niveau général est désormais plus élevé pour tout le monde. En fait, la moitié des « ratages » est liée à un défaut dans le dialogue ou dans la compréhension entre les coiffeurs et les clientes. »

LE TOP DU RATAGE : L’EFFILÉ PROFOND
Là encore, c’est le dialogue qui pèche, même si les excès des dix dernières années nous ont appris à nous méfier de trop d’élan créatif. La coupe est là avant tout pour faciliter la vie de la cliente. Et une semaine après, elle doit encore être belle. « Nous ne créons pas des instantanés pour une photo mais bien une coupe qui vit. Un effilage profond, c’est marrant, surtout le lendemain… Il faut l’utiliser sur les bonnes longueurs, pas n’importe comment », ne cesse de marteler Jean-Louis Déforges. « Il faut reconnaître que les gros loupés sont rares, constate Alain Zinzius, même si certaines coupes ne sont ni très inspirées ni simplement belles ! La base est généralement maîtrisée. » Reste que même sans erreur technique, la coupe souffre souvent du même handicap que la couleur : le consommateur et les coiffeurs n’ont pas toujours le même langage. « Si la cliente voulait un dégradé et qu’elle a utilisé le terme d’effilage, même avec une bonne technique, on court au désastre, souligne ainsi Patrick Ahmed. Récupérer une coupe parfaitement réalisée en effilage sur sa totalité par un bon professionnel est une gageure ! La maîtrise technique se retourne contre son utilisateur. C’est pour cela qu’il faut dialoguer tout au long de la coupe. » Avant, dans la détermination des longueurs dès les premières mèches, lors du travail de la frange, et bien sûr après, en vérifiant sa coupe et en la faisant vérifier par la cliente avant de coiffer ou de brusher. Alain Zinzius rappelle quelques règles : « la mauvaise connaissance du visagisme produit des erreurs avec des réalisations non pas mauvaises mais mal adaptées. Il faut essayer de replacer les volumes autour du visage, par exemple sur les côtés et non sur le haut de la tête pour un visage en longueur. On amène le regard sur ce qui est intéressant, les yeux, la bouche, etc. Les éléments disgracieux sont gommés par des lignes fuyantes, renvoyées vers l’arrière. A nous de rééquilibrer. »

LA PSYCHOLOGIE AVANT LA TECHNIQUE
Reste que des volumes mal placés peuvent se rattraper, mais souvent en coupant plus court, ce qu’il faut expliquer à la cliente déjà psychologiquement peu amène ! Parfois la récupération est même impossible, et il faut soit complètement changer la coiffure, soit la rattraper en plusieurs fois. Pour les vraies erreurs de coupe, tout en étant à l’écoute, il convient de relativiser car malgré tout, le cheveu repousse, un élément bien intégré par les hommes en général mais un argument plus difficile à faire passer à ces dames… « Elles viennent parfois nous voir dans l’heure après une déception », s’amuse Patrick Ahmed. Trop d’effilage peut se retravailler en dégradé aux ciseaux, jusqu’à une certaine limite. Y a-t-il des instruments plus propices aux erreurs que d’autres ? « Non, estime Alain Zinzius. De toute façon, la plupart des erreurs découlent d’un problème de dialogue. Tous les outils, correctement utilisés, sont bons, même si les sculpteurs et ciseaux à effiler ont donné lieu à trop d’abus. La tondeuse électrique pose problème quand le coiffeur peu expérimenté donne un coup de trop. Dans mes salons, nous avons résolu le problème en utilisant des tondeuses… à main. Cela rassure le client. »
Et puis cela évite la tentation du rasage de nuque pur et simple, encore trop appliqué dans des salons mixtes sans formation homme, où les coiffeurs n’ont pas été initiés au fondu. Plutôt que de se concentrer sur la technique, ou la critique de la technique des autres coiffeurs, le mieux est souvent de rétablir le dialogue et la confiance. L’absence de conseil de coiffage est aussi une source de frustration facile à éviter, même si trop de coiffeurs rechignent à donner quelques petites astuces. Auparavant, on pouvait plus facilement masquer les défauts avec la mise en plis ou le brushing, puis les éclatés ont pris le relais. Pas de chance, les coupes structurées et géométriques reviennent, et là, plus le droit d’être approximatif en technique de coupe ou en lecture du sens du cheveu !

RECONSTRUIRE LA COUPE ET LA CONFIANCE
 « Il y a tout de même encore quelques beaux loupés techniques !, déclare toutefois Patrick Ahmed. Reste que j’évite en salon de m’appesantir sur ce thème. On a tous nos mauvais moments… Il ne faut pas entrer dans le jeu de la critique d’un collègue. Il faut lire la coupe, ses longueurs, ses jonctions, les volumes. Alors, on réalise ce que l’on pourra faire et pourquoi le dialogue avec le précédent coiffeur n’a pas fonctionné. Quoique sur un effilé en racine, il n’y a plus grand-chose à faire à part attendre et reconstruire en 2 ou 3 coupes ! On analyse la coupe, puis on amorce le dialogue, d’autant que l’état d’esprit du client qui arrive déçu de son coiffeur précédent le rend délicat à gérer… Il faut faire retomber le stress. » Une situation d’autant plus gênante que l’on est dans la récupération et non la création, et que le résultat est loin d’être assuré. Sur un homme, la coupe « à blanc » sur une zone est toujours possible, permettant tout de même quelques combinaisons de récupération 

LES PLUS BEAUX PLANTAGES DE COUPE
- L’effilage profond mal réalisé porte atteinte aux longueurs, à la structure et à l’intégrité du cœur de la fibre elle-même.
C’est le problème le plus couramment constaté avec cette mode, désormais en recul. Le retour en grâce des coupes pleines limite le risque, quant au retour des coupes courtes, il permet de rattraper les queues de rats qui tenaient lieu de cheveux à nombre de femmes !
- Les ciseaux sculpteurs utilisés sans méthode provoquent des trous conséquents ou des repousses anarchiques. Les effileurs avaient de fait limité l’usage des sculpteurs, remplaçant les trous par la dégradation de la matière lors de l’utilisation par des néophytes…
- autre classique : le rasoir électrique.Facile et même un peu trop, les dérapages dans les gestes ne pardonnent pas. A proscrire chez les débutants non entraînés.
- Parmi les nouveaux loupés en progression : les approximations de certains nouveaux artistes du hairdesign.  La mauvaise nouvelle : c’est irrattrapable. La bonne : en 15 jours, le dessin s’estompe.
- Enfin, parmi les classiques, n’oublions pas le fameux coiffeur amateur, ami bricoleur ou étudiant de 1ère année de CAP passé il y a 10 ans…