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La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com

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L' équipe de la rédaction de L' ECLAIREUR composée de  Brice Thiron, Florence Baumann assisté de l' éditeur Christian GUY ainsi que d' autres contributeurs occasionnels ont  réuni les archives de L'ECLAIREUR,  Vous bénéficiez ainsi de plus de 75 ans d' expérience de la coiffure cumulées par nos équipes,  lesquelles ont interviewé  les plus grands professionnels,  dans tous les métiers.

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08 mars 2011

Comment allier coupe pleine et graphisme ?

L’outil de prédilection pour réaliser des coupes bien pleines et graphiques, ce sont les ciseaux droits et longs de 7 pouces ou plus (même si beaucoup d’adeptes de la tondeuse trouvent aussi leur compte dans cet instrument) ! En fait, la majorité de ces coupes de cheveux sont pratiquées à l’aide de ciseaux. Pour travailler les coupes actuelles, Stéphane Amaru concentre son choix sur 3 ciseaux droits : « J’utilise le grand de 7,5 pouces pour définir rapidement les coupes pleines ; le moyen de 5,8 pouces, à lame courbe, pour texturiser ou ”prétexturiser” ; et le court de 5 pouces pour les finitions et le petit piquetage de précision. » Il ajoute à ce matériel les ciseaux sculpteurs dévolus au crêpage « texturisant », une technique destinée à donner du mouvement aux cheveux fins sans les appauvrir.

1 - DÉTERMINER LA TECHNIQUE À APPLIQUER
Mais Stéphane prévient : « On parle beaucoup, en ce moment, du retour des coupes très géométriques : les lignes sont certes plus pleines, mais sans excès… On n’assiste pas à un renouveau du fameux carré graphique plein et droit, ce n’est pas lui que l’on revoit dans les visuels tendance ! Concrètement, ce genre de look ne concerne que les ”modeux” les plus en pointe, soit moins de 3% des clientes ; et celles-ci n’ont plus grand-chose à voir avec les femmes de l’époque et leurs anciens volumes. En tout cas, il ne faut pas que les efforts du coiffeur ciblent uniquement ce type de clientèle. Aujourd’hui, pour maîtriser une coupe et faire en sorte qu’elle dure, il convient de texturiser, ou plutôt de ”prétexturiser”. Tout d’abord, je donne les grands mouvements recherchés en réalisant une première technique, appliquée sur toute la chevelure en profondeur, dans les demi-longueurs, pour aplatir, donner du volume, lui insuffler du mouvement ou l’effacer. Ensuite, je travaille la coupe en quelques coups de ciseaux, d’un geste net et vif. Elle est alors terminée. » Une construction rapide qui n’empêche pas le professionnel de revenir en arrière pour peaufiner les détails, personnaliser. Si les formateurs ont des approches différentes, les grands axes de leur travail se ressemblent. Ainsi, Marco Geraci explique avoir largement abandonné, pour réaliser les coupes pleines, la méthode traditionnelle des séparations et jonctions : « La coupe doit être douce, sans jonctions, mais avec des mèches de recouvrement légères. Je coupe en positionnant plusieurs grandes zones en fonction de l’effet que je cherche à obtenir. Lorsque je procède de cette façon, le travail est plus rapide, et les lignes plus pleines. Ensuite, je texturise avec un rasoir de sécurité ou des ciseaux, selon les cas. Ce n’est pas difficile, mais il faut bien connaître sa ”géométrie”, et prendre le temps de réfléchir avant de commencer. »

2 - CONSTRUIRE PAR ZONES PLUTÔT QU’EN SÉPARATIONS
Forme de la tête du client, positionnement des lignes et imbrication de zones en losange et de zones en triangle : tout doit être pensé au préalable, sans négliger l’angle et le sens de la coupe, lesquels joueront sur le placement et le mouvement de la chevelure. « C’est la fin des coupes réalisées de façon automatique, du travail de séparations accompli machinalement, souvent sans vision globale, détaille Stéphane Amaru. Par exemple, le coiffeur faisait le tour de la tête de la cliente en plaçant son corps afin d’être le mieux positionné possible, selon qu’il était droitier ou gaucher. Sauf que le fait qu’il se tourne modifiait le mouvement d’ensemble de la coupe : on obtenait, d’un côté, des pointes tournées vers l’intérieur et, de l’autre, vers l’extérieur… Evidemment, on peut remédier à cela avec le brushing, en voie de disparition, ou les produits. Mais il vaut mieux y penser avant, au moment où on réalise sa coupe, pour donner aux cheveux un mouvement naturel. » Christo B., de son côté, même s’il est enclin à privilégier une « géométrie » forte du fait de ses influences sassooniennes, n’en oublie pas non plus la douceur : « Nous créons des lignes de coupe droites, sans texturisation, mais la douceur vient du placement des lignes ou des volumes. Et, en fonction de points particuliers de la cliente ou de son style, nous apportons quelques effets ”locaux” en texturisant. » A chacun sa méthode, donc. Mais point commun à toutes celles qui ont cours en ce moment : la fin de ‘’l’esbroufe’’ ainsi que l’économie du geste, orienté vers l’efficacité et visant à bannir toutes les techniques faciles qui appauvrissent le cheveu et vieillissent mal. Un positionnement qui peut déstabiliser, au même titre que les colorations plus douces ont inquiété à un certain moment. En effet, comment mettre en valeur son travail lorsqu’il est effectué rapidement ? En se montrant efficace, bien sûr, ce qui implique de passer par une étape moins rassurante et qui n’a rien de technique : le dialogue avec la clientèle lors du diagnostic.

3 - PRIVILÉGIER LES CISEAUX
« Attention ! prévient Marco Geraci. Si le coiffeur prend le temps de discuter avec le client, c’est non seulement pour bien le comprendre, mais aussi pour définir comment il va construire sa coupe, et avec quel outil. Il ne doit donc pas se laisser guider par la personne, sinon il perd toute crédibilité ! Par exemple, si le professionnel a décidé de se servir du rasoir et que l’instrument inquiète à cause du mauvais usage qu’en ont fait certains, il doit être capable de défendre son choix en l’expliquant. Si la cliente insiste, il le préviendra que s’il n’utilise pas l’outil choisi, l’effet sera différent de celui escompté initialement. On ne dit pas à son dentiste laquelle de ses fraises il doit utiliser ! » Devant tant de techniques de coupe qui privilégient la douceur et la texturisation en vue d’obtenir des coiffures « faciles à porter » et qui durent longtemps, n’y a-t-il plus de place pour des styles pleins et forts ? « Si, concède Stéphane Amaru. J’ai d’ailleurs toujours eu une clientèle qui adhérait à ce choix. Mais c’est bien là la difficulté : contrairement à ce qu’on pourrait penser, le problème ne réside pas dans la technique (aujourd’hui, il y a moins de ”mauvais” coiffeurs), mais dans le fait que certains d’entre eux n’ont pas la bonne attitude ou se trompent de positionnement. Jouer des styles forts sans avoir la clientèle qui va avec, ni le salon, ça ne fonctionne pas ! Et pourtant ! Le coiffeur n’est pas forcément mauvais, techniquement parlant. » L’astuce classique pour placer des lignes plus marquées ou différentes dans une coupe consiste à procéder par degrés, en laissant à la cliente le temps d’évoluer. On peut également jouer des recouvrements. Ainsi, chez Toni&Guy ou Vidal Sassoon, on a beaucoup vu en démonstration des lignes graphiques prononcées, de grandes mèches courtes ou des zones carrément rasées; elles étaient souvent masquées ou atténuées par des mèches de recouvrement ayant gardé beaucoup de matière. Avec la multiplication des franges graphiques, hachurées, douces ou fortes, le style se renouvelle de plus en plus : les parties frontales sont travaillées différemment, la personnalisation étant donnée par des mèches partant de beaucoup plus loin, du vertex. Une façon de faire qui permet de varier plus facilement les coiffages, si tant est qu’on ait su garder de la matière, ce qui s’inscrit bien dans la même tendance des coupes pleines.

4 - TEXTURISER SANS APPAUVRIR
Même les adeptes de la texturisation préviennent : il ne faut pas toucher à l’intégrité du cheveu ! On doit donner du mouvement par le seul biais de coupes « localisées » et du placement de « guides » (cheveux coupés plus courts), bien positionnés. « La texturisation, ce n’est pas cette technique qu’on a pratiquée si fréquemment et que certains appliquent encore : l’effilage et l’”appauvrissement” du cheveu », insiste Stéphane Amaru. Ce dernier travaille souvent sur des cheveux secs, réalisant ses coupes et plaçant ses volumes directement. « Tout est une question d’efficacité et de gain de temps : comme je ne fais pas de séparations, les coupes sont achevées après un minimum de gestes, poursuit-il. Ce qui prend le plus de temps, c’est la consultation de la cliente. Pas seulement pour parler ”mode”, mais aussi pour découvrir les mouvements qu’elle apprécie ou ceux qui la dérangent. Ensuite, pour obtenir un dégradé sur le devant de la tête par exemple, je ”prétexturise” ; puis je définis mes fondations et longueurs en un seul coup de ciseaux, et c’est terminé ! C’est impressionnant, car beaucoup de matière tombe en une fois, mais on n’a plus besoin d’y revenir. Tout peut être réalisé avec un minimum de technique, et ce, quelle que soit la mode du moment. En gros, 6 modèles de bases (fondations) et 4 de texturisation, ou ”prétexturisation”, permettent de tout faire. C’est plus efficace que d’apprendre à élaborer une coupe pour chaque création de visuel. » Si certains coiffeurs ne quittent jamais leurs ciseaux, Marco Geraci, lui, est d’un avis plus partagé : « Ils conviennent fort bien pour les lignes très pures, mais le rasoir de sécurité correctement utilisé donnera un aspect plus vaporeux. » Un effet qui peut être obtenu sans que la matière soit appauvrie. Et le formateur se montre également nuancé quant au changement de méthode : « Bien sûr que le travail par zones est plus rapide, donne de très bons résultats et apporte davantage de mouvement à la chevelure, mais pour certaines coupes de base, on pourra continuer d’appliquer les séparations classiques. » C’est aussi plus rassurant, et cela épargne au coiffeur les grosses erreurs qu’on peut faire dans les placements de lignes lorsqu’on travaille de grandes zones. Une méthode juste plus lente, où volumes et effets sont plus difficiles à visualiser !

 

QUID DE LA TONDEUSE ?
La tondeuse permet de se prendre pour un sculpteur avec un geste différent, d’autant plus lorsque l’on réalise des coupes graphiques...
Bel outil que la tondeuse pour définir des coupes bien droites et des lignes pleines et graphiques ! Oui, mais cet instrument ne s’utilise plus exactement de la même façon qu’auparavant. Aujourd’hui, les coiffures sont pleines, mais les volumes et les mouvements sont maîtrisés. Un bon coup de tondeuse est donc insuffisant, voire trop artificiel, pour placer les volumes. Cet outil est merveilleux pour sculpter la matière, mais l’accessoire indispensable à lui adjoindre est la tête « texturisante ». Il faut la choisir avec soin en vue d’obtenir, lorsqu’on l’utilise, le même effet que produiraient des techniques réalisées aux ciseaux : des volumes maîtrisés, certaines mèches étant coupées sans que la matière des autres soit appauvrie.