NOS EXPERTS

La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com

La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com

L' équipe de la rédaction de L' ECLAIREUR composée de  Brice Thiron, Florence Baumann assisté de l' éditeur Christian GUY ainsi que d' autres contributeurs occasionnels ont  réuni les archives de L'ECLAIREUR,  Vous bénéficiez ainsi de plus de 75 ans d' expérience de la coiffure cumulées par nos équipes,  lesquelles ont interviewé  les plus grands professionnels,  dans tous les métiers.

POSER VOS QUESTIONS POSER VOS QUESTIONS POSER VOS QUESTIONS
10 mars 2011

Quel style pour les enfants ?

Ils sont la hantise de certains coiffeurs et pourtant ! Ces charmants bambins permettent de générer un volume d’affaires non négligeable, à condition de s’adapter à leur psychologie et à leur morphologie. L’enfant a longtemps eu droit à quelques grands classiques : la coupe au bol unisexe, le court éclaté pour les garçons, avec nuque dégagée, ou le carré, court à mi-long, pour les filles. Sortir des basiques implique-t-il de se plonger dans des coupes «pointues» ? Non, répondent en choeur nombre de coiffeurs habitués aux enfants. Avant tout, pour les plus petits, il faut tenir compte de la texture particulière des cheveux d’enfants et de leur implantation. En outre, le choix de la technique peut être compliqué par la présence de deux interlocuteurs : l’enfant lui-même et le ou les parents présents. L’erreur classique du parent : vouloir réaliser sur son enfant la coupe tendance dont il rêve ou demander de reproduire ce que lui-même porte.

DES PROPORTIONS ET DES IMPLANTATIONS PARTICULIÈRES
Les règles du visagisme sont aussi valables pour l’enfant, qui n’est pas un petit adulte mais bien un individu différent. Concrètement : les proportions de son corps et de son visage n’ont qu’un lointain rapport avec ce qu’il sera, une fois adulte. « Pour une coupe enfant, la première chose à faire est... d’éloigner les parents, lance Eric Léturgie. Sinon c’est trop compliqué, c’est la meilleure façon de devoir changer de technique en plein travail. » Il n’empêche que certains des parents se servent de ce test ultime : envoyer leur progéniture en éclaireur, comme le constate Martial de Coiff1rst. L’épreuve passée avec succès permet de fidéliser toute la famille ! « Pour les préados, c’est plus facile, elles aiment jouer un peu plus avec les looks... puis on nous envoie leurs grand-mères. L’enfant fidélise bien ses proches. » Mais bien souvent, c’est la patience et l’écoute du coiffeur qui sont testées, plus que sa technique de coupe. Et pourtant, elle est importante car le cheveu de l’enfant doit être traité avec des approches précises qui rappellent souvent les techniques masculines. Coupes courtes radicales ou piquetages profonds ne sont pas d’actualité. Simon, le repreneur d’Au Pays d’Oscar, préfère conserver la matière. « Attention aux coupes qui ne tiendraient pas compte des épis, l’enfant ne se coiffe pas seul au quotidien, il faut donc couper sans agresser les épis. J’effile en gardant les longueurs en coupe à sec, pour bien voir les placements». Même constat de la part de Marc Pires, de Scoubidou Family  à Versailles : « les coupes trop nettes ou dégagées ne sont pas adaptées, il faut privilégier les effets naturels. L’implantation des enfants est plus haute, il faut en tenir compte, notamment pour les tempes. Ensuite, la technique en elle-même est équivalente à une coupe sur cheveux fins, rien de difficile, si ce n’est qu’il faut faire attention à des épis un peu différents de l’adulte. Autre point important, la sécurité : nous faisons très attention à ne pas laisser traîner de ciseaux ou de matériel. »

DES TECHNIQUES UTILES, UNE PATIENCE OBLIGATOIRE!
Mais l’un des éléments de technique le plus important, c’est le contrôle du sujet ! Car si certains bambins deviennent de vraies images une fois posés sur leur siège, beaucoup sont de vraies piles électriques, ce qui rend sportif la coupe la plus basique. Ajoutez-y les coups de ciseaux auto-infligés avant de venir au salon et les tentatives parfois malheureuses des parents pour rattraper (ou créer) une coupe, et vous toucherez du doigt ce qui fait un bon coiffeur enfant. En résumé, quelqu’un de très patient, de rapide dans le geste et de précis pour placer ses ciseaux malgré l’agitation, et capable de s’adapter à des situations très variées et  variables ! Plusieurs techniques de stabilisation de l’enfant sont à l’oeuvre : éloigner les parents calme certains enfants qui ne sont du coup plus en  « représentation » ; pour d’autres c’est le contraire, ils ne doivent surtout pas rester seuls, sous peine de crise d’angoisse ! Les occuper peut passer par les jeux, les dessins animés ou le plaisir de regarder le coiffeur lui créer son nouveau look. «Les jeux sont utiles mais parfois, il faut laisser à l’enfant le temps de vivre sa nouvelle coupe », estime Eric Léturgie. « Nous nous adaptons au cas par cas, explique Marc Pires. Le premier contact se fait sans brusquer l’enfant qui découvre tranquillement les lieux avec sa maman. Puis on le met dans son petit fauteuil... Ensuite, on voit bien comment réagit l’enfant. A partir de 3/ 4 ans on peut facilement retenir leur attention, c’est avant que cela peut être plus délicat. Mais les parents eux-mêmes ne nous ennuient pas car ils sont déjà bien contents de trouver des salons qui savent traiter les enfants correctement. Ils arrivent ouverts et confiants. » Et le salon de fidéliser maman mais aussi papa, qui occupe un coiffeur homme à plein temps sur une équipe de 4 personnes.

DES PRÉADOS TRÈS TENDANCE
La mode pour enfants a-t-elle un sens? « Et comment !, constate Eric Léturgie. Mais il ne faut pas pour autant partir dans des délires... On peut ajouter un peu de style, après un dialogue avec les parents mais surtout avec l’enfant, qu’il faut laisser s’exprimer.  Car il n’est pas une icône de mode et il possède déjà ses propres références. Les filles restent souvent naturelles avec une frange tendance. Un style espiègle s’adapte bien sur les 5-10 ans, un style façon Pop Star sur les préados : il faut juste connaître leur univers pour comprendre leurs attentes. Les garçons gardent toujours les sportifs comme référence, y compris en rêvant de coiffures tribales, les préados se focalisent plus sur les chanteurs avec des styles rock et anglo-saxons ». Les coupes plus longues sont bien une réalité pour les garçons. « Attention à ne pas les déguiser, insiste Martial de Coiff1rst. Il faut être doux avec l’enfant, non pas seulement pour le calmer mais pour amorcer le dialogue et comprendre ce qui lui plaira... Ce qui n’est pas forcément la vision du coiffeur ou de ses parents. » Il n’empêche qu’aujourd’hui, la palette de looks est plus large, allant du carré court dégradé au naturel avec frange de rebelle. Les moins de 5 ans sont souvent dans le naturel, les plus de 12 dans la Tecktonik ! « Il ne faut pas abuser des jeux de franges, prévient Simon, cela nécessite de se coiffer et n’est donc pas adapté aux plus jeunes. Comme pour les adultes, l’essentiel c’est la qualité et l’élégance ! Chez les garçons, le très court est souvent trop agressif, je préfère laisser les longueurs.  Au-delà de 7 ans, on peut plus jouer, notamment avec les filles qui sont déjà très mode, lisent des magazines, s’inspirent de chanteuses et aiment changer de look. » Certains préados arrivent même avec des images non pas découpées dans les magazines mais imprimées depuis le Net... Nouvelle génération, nouvelles technologies mais mêmes habitudes !
Quant aux techniques de coloration, la plupart des coiffeurs enfant y sont complètement opposés, à l’instar du tollé souvent soulevé par les défrisages pour les cheveux crépus. Chacun fixe ses limites, l’adolescence chez Oscar ou la préadolescence pour Eric Léturgie, « mais alors juste en pointe, pour une mèche ou un discret balayage. L’ensemble doit rester sobre et l’on ne doit rien appliquer qui entrerait en contact avec le cuir chevelu. » Reste que rien qu’en coupe, il y a de quoi faire. Ces bambins semblent avoir plus d’imagination que leurs aînés, c’est bon signe

SERVICE ENFANT : EST-CE RENTABLE ?
« Non » est la réponse la plus courante. Paradoxalement, les quelques spécialistes ne désemplissent pas du fait de la rareté des coiffeurs pour enfants. Mais on ne peut nier le problème chronique, similaire à celui de la coupe masculine : l’absence de prestations techniques rend la rentabilisation plus complexe. Certains contournent la difficulté en scindant le salon en deux pour accueillir les parents, ainsi fidélisés. Le temps passé sur les bambins est aussi du temps passé avec leurs parents, avec une prestation supplémentaire. Mais la tentation est grande de ne consacrer à l’enfant qu’un simple corner. C’est la solution la plus courante. Pourtant, certains choisissent l’option inverse : attirer les adultes dans un environnement différent qui les change des autres salons. Enfin, pour tenir, mieux vaut une large zone de chalandise et un positionnement haut de gamme.