D’ici à 2015, les salons devront tout faire pour être accessibles aux personnes handicapées, c’est la loi. Des contraintes pas toujours faciles à assumer pour les petites structures…La France n’est pas vraiment un pays précurseur en matière d’accueil et d’intégration des personnes handicapées, on le savait. Parmi les efforts déployés pour remédier à cette situation, figure la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances : elle prévoit que d’ici à 2015, tout établissement recevant du public (ERP) doit réaliser les aménagements nécessaires pour le rendre accessible à tous. Par ailleurs, depuis le 1er janvier 2007, tous les travaux d’aménagement et toutes les créations d’établissement doivent intégrer cette préoccupation d’accessibilité.
RAMPE D’ACCÈS ET LARGE PORTE
Mais qu’entend-on au juste par « accessibilité » ? En fait, un lieu est réputé accessible aux personnes handicapées lorsqu’il leur offre, avec la plus grande autonomie possible, la possibilité de circuler, d’accéder aux locaux et équipements, de les utiliser, de se repérer, et de bénéficier de toutes les prestations qui y sont offertes. « En réalité, pour un salon de coiffure, la question qui se pose est avant tout celle des clients en fauteuil roulant », souligne Michèle Duval, secrétaire générale du CNEC. Ce qui implique, concrètement, certaines contraintes, pas tout-à-fait anecdotiques quand même. « S’il y a des marches pour accéder au salon, il faut prévoir un plan incliné. La largeur de la porte d’entrée doit être de 90 centimètres au minimum, pour laisser passer un fauteuil roulant, liste Anne Delannoy, directeur général adjoint de la FNC. De plus, le système d’ouverture de la porte doit être utilisable, que l’on soit debout ou assis. » Mais ce n’est pas tout. Ainsi, le fauteuil roulant doit pouvoir manœuvrer dans le salon. Des toilettes pour handicapés seront prévues. D’autre part, le meuble de caisse doit être conçu de telle sorte que les clients en fauteuil puissent y accèder, et bien éclairé - ceci plutôt pour les malvoyants. Enfin, pour les salons situés dans des rues pourvues de vastes trottoirs, un passage d’1,40 mètres minimum de large doit être conservé, sans être obstrué par un chevalet publicitaire.
DÉROGATIONS ET PRAGMATISME
Encore faut-il observer que parmi les ERP, les salons de coiffure sont classés en catégorie 5 (sur une échelle de 1 à 5), c’est-à-dire la catégorie qui subit les exigences les moins contraignantes. Reste que tous les salons ne pourront pas s’y conformer : contraintes dans le bâti, etc. « C’est plus facile en cas de création, souligne Hervé Lemaître, de l’agenceur AC3D. Ainsi, quand on aménage l’espace, on s’arrange pour qu’un fauteuil roulant puisse circuler un peu partout. Je connais aussi 2 ou 3 salons qui ont installé un WC pour handicapés, car ils avaient la place pour… mais ça prend au moins 4 m² ! Une de mes clientes a investi dans une colonne de lavage, car elle a quelques clients en fauteuil roulant qu’elle installe devant pour leur laver les cheveux. Mais imaginez, lorsqu’on installe par exemple une rampe d’accès, elle doit parfois mesurer 3 ou 4 mètres de longueur pour rattrapper la pente… » A l’impossible nul n’étant tenu, des dérogations existent. « Les demandes sont à adresser à la préfecture, note Anne Delannoy, et c’est ensuite la Commission départementale de sécurité qui donne son avis. Attention ! Pour toute dérogation, on demande en général au professionnel de proposer un autre aménagement… en compensation. » Hervé Lemaître préconise pour sa part un certain pragmatisme. « Je conseille aux coiffeurs qui ne peuvent pas installer une véritable rampe d’accès d’acheter une rampe amovible, que l’on trouve dans des magasins d’équipement pour les commerces. On peut aussi faire l’acquisition d’une colonne amovible avec une cuvette en plastique, comme les coiffeurs à domicile, pour les cas où le salon accueille un client en fauteuil roulant. » Car si l’échéance de 2015 semble lointaine, le temps passe vite…
L'Eclaireur