Bien sûr, les charges liées à l'eau et l'énergie ne sont pas celles qui pèsent le plus sur le compte d'exploitation du coiffeur... Cela dit, mieux maîtriser sa consommation reste un objectif. Sans pour autant sacrifier le confort et l'attractivité de son commerce... c'est bien là le défi ! Concernant le chauffage et l'eau chaude, la marge de manœuvre est limitée dans l'usage quotidien (pas question d'économiser l'eau lors d'un rinçage...). "Beaucoup de choses se jouent lors de l'installation ou d'une rénovation importante", estime Philippe Thierriaz, responsable du marché des Professionnels chez Gaz de France. "Pour choisir l'installation la plus adaptée, il faut notamment avoir une vision claire du nombre de personnes actives au salon et des besoins en eau chaude sanitaire." Bien aussi : se rapprocher des fournisseurs tels qu'EDF ou Gaz de France qui, pour se démarquer des opérateurs alternatifs apparus depuis l'ouverture du marché, s'axent sur la qualité de service (voir L'éclaireur n° 340). "Nous avons un rôle de conseil et proposons des études de cas pour choisir le tarif le mieux adapté à la consommation du lieu (heures pleines/ heures creuses ou tarif classique, par exemple)", développe Pierre-Christophe Bertrand, responsable chez EDF du marketing opérationnel du marché des Professionnels.
QUESTION D'EAU
Gaz ou électricité ? On s'en doute, il n'y a pas une réponse unique. Schématiquement, le gaz, plus onéreux à l'installation, est moins cher à moyen et long terme niveau consommation. L'eau chaude au gaz naturel a l'avantage d'être immédiatement disponible, à débit permanent et à température constante. A noter : les chaudières "à condensation" permettent de réaliser d'appréciables économies d'énergie. "Si on est équipé en gaz, c'est l'idéal", juge Sébastien Chaume (gérant d'IP1, Strasbourg), "mais il faut quand même être conscient que dans certains immeubles, les contraintes techniques ne le permettent tout simplement pas." Jean-Christophe Filez (AC2A à Strasbourg) souligne pour sa part la "souplesse" de l'électricité en termes de chauffage. Comme dans un logement, une bonne isolation du salon permet de gagner quelques degrés appréciables. Une installation bien pensée autorise aussi une baisse de la consommation d'eau. Attention au ballon trop éloigné du bac, l'eau se refroidit dans le tuyau, et pour arriver à bonne température, on est ensuite contraint de laisser couler (et donc de perdre) pas mal de litres d'eau. Sébastien Chaume et Jean-Christophe Filez conseillent d'adapter une vanne thermostatique avant les bacs, afin de faire sortir l'eau à bonne température. Là, on fait coup double : on économise de l'énergie et surtout de l'eau. En lieu et place d'un ballon de volume important, mieux vaut en installer, si la place le permet, plusieurs plus petits, en ne les utilisant pas tous si l'activité n'est pas très intense.
Un truc tout simple, et qui nécessite "deux heures de bricolage un dimanche après-midi", selon Sébastien Chaume (gérant d'IP1) : "il existe de petits appareils à électrolyse, à placer près des tuyaux de cuivre, qui évitent la précipitation du calcaire et favorisent sa dissolution dans l'eau." L'intérêt ? Un appareil entartré consomme plus d'électricité pour parvenir à une production d'eau chaude identique...
DES APPAREILS PLUS OU MOINS GOURMANDS
Au quotidien : "éviter de laisser ouverte la porte du salon pendant plusieurs minutes d'affilée", conseille Pierre-Christophe Bertrand. La déperdition d'énergie est faramineuse ! "Utiliser des solutions de régulation, comme un thermostat d'ambiance, pour maintenir une température constante", poursuit Philippe Thierriaz.
En termes d'appareils, "ce qui est primordial à mes yeux", analyse Jean-Christophe Filez, "c'est le bon rapport entre l'énergie consommée par un appareil et la puissance restituée". Par exemple, à énergie consommée identique, certains appareils (machine à laver, casque...) vont restituer jusqu'à 30 % de puissance en plus. Ou, dit autrement, pour des performances égales certains appareils consomment moins. ça s'explique par les différences de qualité et de conception entre modèles... Mais comment le savoir ? Pour l'électroménager (machines à laver, sèche-linge...), il faut se reporter à la nomenclature qui va de A à G (l'étiquette A ou A+ désignant les appareils consommant le moins d'énergie). C'est une autre paire de manches pour les casques, séchoirs... Là, il ne reste qu'à essayer d'en savoir plus auprès du fournisseur. "Les fournisseurs devraient communiquer là-dessus", conseille en souriant Jean-Christophe Filez. A garder en mémoire lorsque l'on s'équipe.
PLEINS FEUX SUR L'ÉCLAIRAGE
"L'éclairage peut représenter jusqu'à 70 % des frais d'électricité d'un commerce non alimentaire", rappelait Morad Chibout, directeur marketing grand public (Professionnels et Particuliers) d'EDF, lors du lancement parisien de la Tournée EDF (avec étapes dans 10 grandes villes de France pour parler "économies d'énergie"). C'est considérable. Cela dit, le coiffeur se trouve pris entre deux feux. Même soucieux de limiter sa consommation, il lui faut maintenir l'attractivité de sa vitrine, et assurer la qualité de travail au sein du salon. Quoi qu'il en soit, c'est un sujet d'actualité : EDF a édité une plaquette de conseil en éclairage dédiée aux salons de coiffure, instituts de beauté... (avec l'exemple concret d'un salon de coiffure de 60 m2), et Gaz de France en a réalisé une spécialement destinée aux coiffeurs. On distingue ainsi 2 grands types de sources lumineuses : à incandescence
(lampes standard et halogènes) et à décharge. Le problème des lampes standard est que, si elles assurent un bon indice de rendu de couleurs, elles dégagent beaucoup de chaleur par rapport à leur puissance d'éclairage et ont une faible durée de vie.
Même parmi les lampes halogènes, les différences existent. Phillippe Perrin est directeur de l'IFEP (Institut de Formation à l'Eclairage Philips), qui assure des formations "éclairage des commerces" à destination des partenaires électriciens de Gaz de France. Il recommande de remplacer les halogènes à réflexion de 60 W par des halogènes à transformateur intégré, ne consommant que 20 W, à efficacité identique mais à consommation inférieure de 35 % environ (et dégageant moins de chaleur). Ceci ne nécessite pas de grands travaux de rénovation... Il existe aussi des lampes halogènes à très basse tension avec un transformateur intégré dans le faux plafond : "C'est plus cher à l'installation, mais plus économique à l'usage, car on ne change que la lampe à chaque fois (et non le transformateur)", explique Philippe Perrin. Et pour éviter une trop forte sensation de chaleur, on privilégiera les lampes halogènes à réflecteur dichroïque, qui ont la bonne idée de renvoyer une grande partie de la chaleur vers le faux plafond tout en dirigeant la lumière vers le bas.
DE NOMBREUX PARAMÈTRES À CROISER
Les "lampes fluocompactes de substitution" font partie de la deuxième famille, les lampes "à décharge". Plus chères à l'achat, elles ont une bonne efficacité lumineuse et une durée de vie importante. "Pour la même quantité d'énergie, expose Philippe Perrin, elles peuvent dégager jusqu'à 5 fois plus de lumière -et bien moins de chaleur- qu'une lampe à incandescence classique". Elles n'ont pas forcément très bonne réputation au niveau esthétique car chacun a en mémoire le "néon", mais de nombreux progrès ont été réalisés ces derniers temps à ce niveau. On conseille désormais celles à ballast (un élément de l'appareillage) électronique, à coût de maintenance moindre car préservant la durée de vie de la lampe. Celles-ci sont également plus compatibles avec des allumages fréquents.
Une solution intéressante peut être de choisir des lampes fluocompactes de substitution pour l'éclairage général du salon, avec pour objectif de réaliser des économies d'électricité, et de compléter avec des halogènes là où le besoin d'un éclairage d'accentuation se fait sentir. Ou, si l'on opte pour le "tout halogène", de faire varier les angles d'ouverture (plus étroits pour l'éclairage d'accentuation).
Par ailleurs, Gaz de France recommande les variateurs, qui complètent l'éclairage naturel sans forcément faire fonctionner l'installation "à fond". Dans le même ordre d'idée, les endroits assez souvent vides (réserve, toilettes...) peuvent très bien être éclairés par un système équipé d'une minuterie. Enfin, selon l'ambiance que l'on cherche à donner à son salon (zen, chaleureux...), on optera pour une tonalité de lumière plus ou moins chaude. Dans sa plaquette, EDF souligne aussi l'importance de la "luminance" ou brillance : un luminaire à basse luminance limite les risques d'éblouissement. Impératif : choisir les luminaires adaptés aux lampes et entretenir correctement le matériel. D'une façon générale, les équipements et installations économisant l'énergie sont-ils toujours plus onéreux ? Hélas, souvent, oui ! "Entre 2 machines à laver, 2 systèmes de climatisation, il faut souvent débourser plus pour faire des économies par la suite", confirme Jean-Christophe Filez. C'est alors un calcul à moyen, voire long terme
LE SAVIEZ-VOUS ?
"Une lampe à incandescence classique qui consomme 60 W ne transforme que 5 % de sa consommation en lumière... Le reste (soit 57 W) "part" en dégagement de chaleur", note Philippe Perrin. D'accord, elles ne sont peut-être pas chères à l'achat, mais ça laisse rêveur...
Durée de vie :
- d'une lampe à incandescence "classique" : 1 000 heures environ (en allumage "continu").
- d'un halogène : 5 000 heures environ.
- d'une "fluocompacte de substitution" : 8 à 10 000 heures, voire plus.
ENERCOOP OU L'ÉLECTRICITÉ CITOYENNE
A l'instar de la téléphonie, le marché de l'électricité (et du gaz) est désormais libre pour les artisans et commerçants. Outre les fournisseurs alternatifs jouant avant tout sur les prix attractifs, l'artisan soucieux d'engagement citoyen peut acheter son électricité à Enercoop, une coopérative qui s'inscrit dans l'esprit "économie solidaire". Enercoop fournit une électricité qui n'est pas issue du nucléaire, mais entièrement fondée sur l'énergie renouvelable : éolienne, solaire, biomasse... Les réseaux de distribution sont ceux d'EDF, donc pas de risque de rupture d'approvisionnement, pas de changement d'installation ni de compteur. Mais, comme en matière de produits, l'engagement écologique a un coût. Du côté d'Enercoop, on ne fait pas mystère que la facture sera un peu plus élevée qu'avec "l'opérateur historique". Cela dit, l'objectif final étant d'encourager la maîtrise de la consommation, Enercoop pratique une marge plus faible pour les petites consommations, afin de lisser ses tarifs et d'afficher un prix identique au kWH quelle que soit la consommation. Les projets ne manquent pas : "D'ici à fin 2007, nous voulons mettre en place un service de conseil par téléphone et une aide en ligne dédiée à la maîtrise de l'énergie, ainsi qu'un système d'achats groupés pour bénéficier de tarifs attractifs sur les appareils peu consommateurs d'énergie", détaille Julien Noé, l'un des deux fondateurs de la coopérative. Pour sa part, EDF propose aux Professionnels l'option "kWh Equilibre" axée sur les énergies renouvelables : pour tout kWh acheté, EDF-Pro s'engage à mettre sur le réseau un kWh produit à partir de source hydraulique.
DES COULEURS TRÈS FIDÈLES
Qu'est-ce que "l'indice de rendu de couleurs" ? C'est la fidélité avec laquelle une lampe retransmet les couleurs, sans les altérer... Un point-clé, bien évidemment, dans une activité telle que la coiffure ! En fait, on procède par comparaison avec la lumière du jour qui, elle, a un indice de rendu des couleurs de 100 %. Pour l'instant, dans le match lampes à incandescence / lampes fluo, ce sont les premières qui l'emportent sur ce plan. Faut-il donc renoncer à utiliser des sources lumineuses "basse consommation" ? Non, bien sûr, simplement il faut éviter de choisir les moins chères, de moins bonne qualité qui, elles, peuvent dégrader les couleurs. "Certaines lampes fluo parviennent désormais à un rendu des couleurs de 90 %", rassure Philippe Perrin. Un point à soulever avec l'éclairagiste.
L'Eclaireur