Longtemps traitée en parent pauvre lors de l’aménagement du salon, la caisse n’est toujours pas un exemple de rationalité dans nombre de salons. Cette zone jouxte souvent l’accueil, pareillement négligé. Dommage, car outre l’importance pour l’impression laissée à la clientèle, elle est une zone de personnalisation à moindre frais pour le coiffeur.Peu de salons ont l’espace nécessaire pour laisser s’exprimer la zone caisse-revente et surtout l’accueil, cette dernière partie étant même parfois réduite à sa plus simple expression . Pourtant la convivialité revenant à l’honneur, il devient nécessaire de s’accorder quelques petits mètres carrés, quitte à supprimer une place de coiffage, et d’étudier l’art de les utiliser. Ce afin de mettre les clients à l’aise dès le début, mais aussi de leur laisser une bonne impression lorsqu’ils ressortent. Le soin des détails passe parfois par des classiques telles les touches de bois en mobilier, des teintes chaudes aux murs, voire -mais sans en abuser- la mise en place de quelques visuels de qualité. Il ne faut pas pour autant être gêné de ne mettre aucun poster à l’accueil !
Personnaliser l’accueil sans le surcharger
L’essentiel est plus de transmettre une ambiance, de mettre à l’aise, voire de flatter les sens. Le développement du «marketing olfactif» s’intègre dans cet esprit, avec son pendant éventuel dès l’accueil, agrémenté d’une douce fragrance. Celle-ci permettant en prime de couvrir les odeurs du salon (tels les relents de zone technique). Lorsqu’il est possible d’aménager un petit accueil, beaucoup conseillent les chauffeuses individuelles plutôt que la banquette, où alors sous forme de mini salon, comme à la maison. La caisse est-elle systématiquement à l’entrée ? Souvent mais pas toujours. Reste que c’est l’emplacement le plus facile au quotidien et qu’elle permet de fixer les repères pour le nouveau client qui entre. L’idéal étant d’avoir un accueil séparé… mais là on entre dans une catégorie restreinte de salons-instituts pouvant se permettre de bloquer une personne à ce poste. Certains font presque disparaître la caisse, tel le lyonnais Philippe Ankri avec un encaissement discret sur un plan de travail à l’accueil.
«Nous n’avons pas toujours de grands espace disponibles, constate Hervé Le Maître d’AC3D.Mais nous proposons des solutions. Ainsi pour la revente, des étagères judicieusement posées le long du salon se voient finalisées par un rappel en caisse, quand la cliente règle la prestation, c’est le bon moment pour concrétiser... Il n’y a pas de miracle, pour y parvenir : conseil, esprit commerçant et exposition appropriée des produits doivent être obtenus! Certains créent même un coin boutique (produits, accessoires, bijoux) qui permet d’attirer l’œil, de créer un look.» La revente se développe, pour autant la convivialité de l’accueil reste l’un des points les plus importants dans un coin qu’envahissent nombre d’éléments dont l’équipement informatique. Concernant ce dernier point, essayez de masquer le matériel ou au minimum de choisir un écran plat. Car l’espace disponible n’est pas foncièrement en augmentation! D’où des efforts pour tout intégrer. L’espace de la caisse s’encombre -livre de rendez-vous, écran, lecteur de CB, PLV, etc.-, d’où la solution pratique des tablettes glissières en dessous pour prendre les rendez-vous sans tout déranger. Avec, en prime, le repose sac pour le confort de la cliente. Reste que le plus simple est encore d’éviter d’encombrer la caisse, de la noyer sous les objets. L’effet est mauvais, concernant la rigueur du salon et son positionnement en gamme.
La revente trouble fête
Les agenceurs proposent souvent d’installer des présentoirs et rayonnages produits personnalisés, de préférence harmonisés à l’aménagement, plus ou moins encombrants. Mais ils se heurtent là aux maisons de produits. Celles-ci proposent ainsi leurs présentoirs normalisés que les coiffeurs utilisent abondamment dans le coin caisse, pas toujours avec la marque d’origine d’ailleurs... Pourtant ni la caisse, ni l’accueil ne sont automatiquement les endroits les plus adaptés pour la revente. Derrière la coiffeuse, juste avant l’encaissement, il est presque trop tard pour les produits, c’est l’ultime chance. On leur préfèrera un déploiement tout du long du salon, tel en technique et au coiffage, lors des diagnostics et des discussions sur le cheveu de la cliente. Des études montrent que la réceptivité n’est pas au top à la fin de la prestation (on s’interroge sur le résultat), pas plus qu’au tout début (légère angoisse). L’accueil et la caisse comme unique zone revente représentent rarement le choix de l’efficacité. Sauf en rues de fort passage où vitrine et accueil peuvent générer des entrées et des ventes spontanées. Si les produits se concentrent en zone caisse, il vaut mieux préférer un positionnement en décalage, pour les rendre accessibles. L’équilibre tient dans l’art de présenter sans imposer. N’oublions pas l’éclairage de l’endroit. Ce n’est pas une zone technique, lors de l’accueil ou du paiement, un éclairage chaud et doux est plus approprié pour ne pas agresser le client! Une petite lampe de chevet de qualité en prime peut apporter son charme. La caisse et le vestiaire ne sont pas à négliger lors de l’installation, même si l’on manque d’espace. La bonne idée consiste à mettre ce bloc sur le chemin du courant d’air créé par la porte d’entrée. Cela évite à la personne en attente au bac de se recevoir l’air dans les pieds! Par contre l’ensemble caisse ne doit pas être trop volumineux au risque d’écraser l’espace du salon. Il faut trouver le juste équilibre entre minimalisme et meubles encombrants, sans oublier la cohérence avec son positionnement et le quartier. La touche sympathique peut venir de bouquets de fleurs -légers- régulièrement renouvelés à l’entrée, d’un sol aux teintes chaleureuses, voire d’un parquet.
TEMOIGNAGES
Pattein, le minimalisme chaleureux
Salon design, caisse minimaliste chez Armand et Alexandre Pattein, à Reims. Les produits sont présents plus pour l’animation que la revente. D’ailleurs certaines semaines, ils laissent la place à d’autres objets, tels des bocaux colorés !
« C’est volontaire, explique Alexandre Pattein. Tout le salon est dans cet esprit, le minimalisme permet de faire ressortir notre sélection, il attire et la vision n’est pas brouillée. Le produit n’est de toute façon pas vendu en caisse, même si le coiffeur peut venir le chercher pour l’utiliser, c’est cette démonstration qui peut déclencher l’achat.»
Produit au second plan, le salon fait-il partie de ces lieux où la revente est inexistante ? «Ce n’est pas une priorité, mais elle représente autour de 10% du chiffre d’affaires.» Pas si mal ! Le reste de la décoration de la caisse est variable car ici tout est modulable, comme un théâtre, y compris la couleur dominante du salon changée régulièrement, actuellement concentrée sur le rouge, histoire de réchauffer cette fin d’hiver. Téléviseurs avec clips de mode, petites compositions de fleurs, bougies baignant dans l’eau, quelques flyers de boîtes de nuit sont présents à l’accueil, mais sans surcharge et en changeant souvent les détails. Un dépouillement qui impose une réactivité forte des coiffeurs à l’accueil pour mettre les gens immédiatement à l’aise dans un environnement inhabituel. «Ce n’est pas un problème du fait de notre fonctionnement, sur rendez-vous, dans une rue générant peu de trafic. L’accueil est simple et chaleureux, compensant le côté design qui peut être ressenti comme froid.»
L'Eclaireur