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La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com

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L' équipe de la rédaction de L' ECLAIREUR composée de  Brice Thiron, Florence Baumann assisté de l' éditeur Christian GUY ainsi que d' autres contributeurs occasionnels ont  réuni les archives de L'ECLAIREUR,  Vous bénéficiez ainsi de plus de 75 ans d' expérience de la coiffure cumulées par nos équipes,  lesquelles ont interviewé  les plus grands professionnels,  dans tous les métiers.

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18 mai 2012

Bonjour,

Pouvez vous me conseiller afin de bien définir et choisir le concept de mon salon ?

Merci d' avance

La coiffure, c’est une histoire de savoir-faire, de relationnel… mais aussi de déco. Qu’ils soient branchés, créatifs, minimalistes ou baroques, certains salons mettent en œuvre un vrai concept, pensé de A à Z.  Une balade dans les rues de nos villes suffit pour s’en convaincre : nombre de coiffeurs ont su créer des espaces qui méritent le détour. Nous avons choisi de les rassembler par « familles », même si un tel classement revêt parfois un côté un peu limitatif. Le salon comme reflet de la personnalité ? Sylvie Coudray (« La Nouvelle Athènes » à Paris) confie : « J’aime beaucoup Paris, et l’on y trouve des appartements superbes. » Elle en a donc sélectionné un pour y « faire salon ». L’appartement-salon du coiffeur studio David Mallett s’orne, pour sa part, d’une collection de meubles de designers, reflet des voyages et de la vie du maître des lieux. Véronique Boinnot, à la tête de « L’Atelier du Port », à Brest, qu’elle a peuplé d’objets chinés, voulait de son côté recréer une ambiance « comme chez soi ». Mais le concept d’un salon est aussi révélateur de la manière dont le coiffeur souhaite accueillir sa clientèle et entrer en relation avec elle. Ainsi, pour Mickaël Zanzouri (« Bio-institut par Esprit Design »), « le bio est synonyme de respect de la vie et d’autrui en général, or à l’heure actuelle, les gens sont saturés d’informations. Opter pour un décor épuré, c’est aussi une façon de les respecter ». Mais ce n’est pas tout. Un commerce se pense aussi au cœur d’une rue, d’un quartier, d’une ville. C’est ainsi un point de vue intéressant que celui de Bernard Friboulet (« Très Confidentiel »), qui nous invite à prendre en compte l’environnement du salon, avant de penser la déco : « Je suis installé dans les jardins du Palais-Royal. Or le Palais-Royal est déjà un lieu si riche, si chargé en histoire, que sincèrement, j’ai préféré œuvrer dans un endroit dépouillé. » Avant d’asséner : « Un salon de coiffure n’est pas un magasin d’antiquités ! La véritable élégance ne se voit pas. » Lorsqu’un salon sort un peu de l’ordinaire, c’est généralement le résultat d’une démarche bien pensée de la part du maître des lieux. Ainsi, Magaly Kozber, dans son salon « Nouvel Hair » à Lille, a pris le parti de créer un univers « totalement différent », à la frontière du baroque. Tout en assumant ce que cela implique : « Beaucoup de clients sont venus, interpellés en voyant le salon de l’extérieur. A nous ensuite d’”assurer”, en évitant de leur proposer des coupes stéréotypées ! » Manière d’admettre qu’un salon qui a peaufiné son agencement crée des attentes qu’il importe, ensuite, de ne pas décevoir. Car, singulièrement, dans le cas de salons « à concept », il n’y a pas de demi-mesure : le public est séduit ou rebuté, adore ou déteste. Comme le dit le proverbe : « Qui se ressemble s’assemble… »

TEMOIGNAGES

UN SALON ? NON, UN APPARTEMENT !

On pénètre dans certains salons comme si on entrait chez quelqu’un. A Paris, Sylvie Coudray, avec son salon « La Nouvelle Athènes », fut parmi les précurseurs de ce concept de salon-appartement. En septembre dernier, elle a emménagé dans un nouveau lieu, toujours dans le 9ème arrondissement, renforçant l’esprit « boudoir » de son affaire. « J’ai tenu à créer une succession de petites pièces, pour accentuer l’intimité de chacun », explique-t-elle. Sur 175 m², au 2ème étage, se déploient ainsi 9 pièces, dédiées à l’accueil, à l’attente, aux diverses prestations… Et même si elle s’affirme fan de design, Sylvie a plutôt opté pour des objets chinés et des peintures patinées, afin de recréer l’atmosphère d’un lieu « habité depuis longtemps ». Le salon-appartement est généralement associé à une image haut de gamme : c’est dans un appartement situé dans un hôtel particulier, dans le 2ème arrondissement de Paris, que le coiffeur australien David Mallett, familier des plateaux de cinéma et des stars, reçoit ses clientes parisiennes. Récemment refait, le lieu s’étend sur 350 m² et s’orne d’objets design… ainsi que d’une surprenante autruche ! Le concept du salon-appartement a bien sûr essaimé hors de Paris. Ainsi, à Beaune, Serge Chamoy en a ouvert un baptisé « A l’étage ». Le lieu s’étend sur 200 m², sur cour, et est pourvu d’une terrasse. Moulures, hauts plafonds et parquet en chêne : il a tout du bel appartement classique. Si un immense espace est dévolu au coiffage, de petites pièces accueillent soins et mariées. A Aix-en-Provence, dans le cœur historique de la ville, le
salon de Stéphane Battistella s’est d’ailleurs d’abord appelé «L’Appart», avant de passer sous la bannière du groupe Medley. Situé en étage, il bénéficie lui aussi d’une terrasse. Canapé, lampes, miroirs trumeaux, le coiffeur a lui-même disposé les meubles et choisi les coloris.


L’ESPRIT MINIMALISTE
La tendance du salon épuré, zen, à la limite du « dépouillé », a déjà quelques années, mais nombre de coiffeurs continuent à la plébisciter. C’est notamment le parti pris de Bernard Friboulet et de son salon « Très Confidentiel ». Installé dans les galeries des jardins du Palais-Royal, le salon -comme ses clientes- est protégé des regards indiscrets par des rideaux immaculés, fermés en permanence. Aucune enseigne n’indique son existence, si ce n’est une plaque avec un nom écrit en tout petit. A l’intérieur, même souci de dépouillement dans la déco de ce lieu qui ambitionne de recréer « l’ambiance d’une loge de plateau ». A Toulouse, « Bio-institut par Esprit Design », le nouveau salon-lieu de formation de Mickaël Zanzouri, réaffirme et intensifie l’esprit minimaliste qui présidait déjà à l’ancienne implantation. Bois, béton minéral, quartz : des matériaux nobles juste égayés par quelques touches de couleur, une grande verrière pour la lumière, et des cabines individuelles arrondies pour l’intimité. « Pure Color » de Michel Guillerme, installé en plein cœur du Paris bobo, dans le 10ème arrondissement, s’inscrit dans ce même esprit. Là aussi le blanc prédomine, ainsi que la lumière, grâce à la verrière et à la vitrine. A Nantes, « Murmures », le deuxième salon de Julien Delisle, joue également la sobriété : peu de cloisons, mais des paravents et des voilages, des matières brutes (acier, pierre, brique…), des murs blancs et des éclairages bleutés. Citons également le loft d’Yves Katz et Alexandre Pattein, « Y », dans le 11ème arrondissement parisien, tout en blanc, gris et couleur métal, où le béton a gagné ses lettres de noblesse ; ou, dans un style tout à fait différent, « Edge », le salon orienté bio d’Olivier Limbourg (Paris 1er), avec ses harmonies de gris ponctuées de quelques notes de rouge.


LE CHARME DU BAROQUE
Lustres imposants, lourdes tentures, mobilier décalé : certains coiffeurs optent délibérément pour un espace évocateur d’un certain luxe, parsemé d’objets qui accrochent le regard… Le salon Coiffirst de la rue du Four (Paris 6ème), qui s’étend sur 1 000 m² répartis en 3 niveaux, s’inscrit dans cet esprit : les lustres sont en cristal de Bohême, et les miroirs d’époque ; au sol, les tomettes arborent des cabochons d’ardoise, et le canapé, d’un beau rouge profond, invite à la détente. Quant aux cabines de soins, elles se parent, au choix, de rideaux de perles ou de feutrine, d’émaux, ou encore de pâte de verre… A Lille, dans le salon « Nouvel Hair » de Magaly Kozber, l’étape du diagnostic se fait face à un miroir baroque. « Le lustre est baroque, lui aussi. Le métal est omniprésent, mais travaillé sur mesure : ainsi, des appliques coniques donnent la réplique aux miroirs en triangle, tandis que le logo du salon s’incruste dans l’escalier », détaille Magaly. A Brest, Véronique Boinnot a installé « L’Atelier du Port » dans une ancienne forge, sur le port commercial, un quartier tendance : « J’aime beaucoup la récup’ : le salon accueille beaucoup d’objets chinés, comme cette table de chez Emmaüs que j’ai retapée. » Canapé, tapis, miroirs ceints d’une dorure et sculptures d’une créatrice brestoise : le décor ne laisse pas la clientèle indifférente. Cap vers le sud-ouest : à Bordeaux, « L’Atelier Ô 72 », drivé par Sophie N. et Sophie B., joue résolument la carte de la couleur, avec ses murs dans les tons violine, rose et jaune. Sur 80 m², les fauteuils rouges de théâtre, les meubles de métier et les miroirs illustrent la volonté des deux coiffeuses de marier les styles en créant un lieu original. D’autres jouent le baroque par petites touches : notons ainsi le lustre en cristal du salon « Des ciseaux et de la couleur », à Lille.


L’IMAGINATION AU POUVOIR
Il est des salons où la créativité du coiffeur s’exprime sans détours, où l’imagination le dispute à la fantaisie pour créer un lieu qui ne ressemble à aucun autre. Au Havre, Jessica Belpomme règne sur 130 m² hauts en couleur, avec le salon « Bonito Bonita » : à l’étage, les murs arborent des couleurs vives, tandis que les sièges sont noirs… et c’est l’inverse au rez-de-chaussée. A l’accueil, le bureau en forme de trèfle s’orne, sur son contour, d’une glace déformante. A Saint-Etienne, dans leur salon « Sens Inverse », Magali et William ont conservé nombre de détails du commerce précédent… une boucherie-charcuterie ! « L’ancienne chambre froide a été habillée de miroirs, pour l’étape diagnostic-conseil, détaille Magali. Les crochets de boucherie accueillent aujourd’hui des blouses tachées de peinture, et les produits sont accrochés par des élastiques aux murs et aux plafonds. »  Quant aux tarifs, ils prennent place sur l’ancienne plaquette de boucherie, à côté du prix de la tête de veau. A Toulouse, Morgan joue la différence dans son salon « Art de l’âme », où le mur rose héberge tags et graffitis ; les néons jaunes et bleus réchauffent l’atmosphère de ce salon à l’ambiance, paradoxalement, très zen. A Paris, dans le 1er arrondissement, Joël s’est associé avec un copain opticien pour créer un espace à deux niveaux qu’ils se partagent. « C’est venu d’un constat : avant de choisir des lunettes, nombre de femmes disent vouloir d’abord changer de coiffure ! », explique-t-il. Un choix original, qui a ensuite été copié. La vitrine rappelle cette double orientation. A Paris, dans le quartier de la Bastille, Hadji a installé son salon, « Récup’hair », dans la cour d’un ancien couvent. « Rien n’est neuf : vieux fauteuils de coiffeurs, tablettes, mobilier industriel, brocantes, vide-greniers… », détaille-t-il. Mais il y a mieux : en vitrine sont exposés des objets à vendre… Il fallait y penser !