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La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com

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L' équipe de la rédaction de L' ECLAIREUR composée de  Brice Thiron, Florence Baumann assisté de l' éditeur Christian GUY ainsi que d' autres contributeurs occasionnels ont  réuni les archives de L'ECLAIREUR,  Vous bénéficiez ainsi de plus de 75 ans d' expérience de la coiffure cumulées par nos équipes,  lesquelles ont interviewé  les plus grands professionnels,  dans tous les métiers.

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26 février 2011

Bonjour,
Comment bien gérer et déléguer auprès de mes collaborateurs, pendant la période des vacances ?

«Débrancher», faire une coupure... Pas facile quand on est à la tête d’une entreprise artisanale. Et pourtant indispensable, sous peine de saturation. Alors, vous faites quoi cet été ?
«C’est une phrase que j’entends sans arrêt en séminaire !» s’exclame Philippe Tramond, directeur de l’organisme de formation Pilotis. «Les coiffeurs me disent : «Je ne PEUX tout simplement pas partir en vacances !» Pour Patrice Martin, à la tête de la société de formation E-Plus, «l’un des freins au départ serein en vacances, c’est que comme dans tout ce qui est «prestation de services», le coiffeur travaille souvent dans l’urgence : les papiers s’entassent, pour recruter on attend qu’il manque vraiment quelqu’un pour regarder autour de soi... Du coup, il «garde du boulot» pour les vacances -tout ce qu’il ne prend pas le temps de faire habituellement-, qu’il arrive très rarement à faire d’ailleurs.» D’où cette culpabilité et, au final, l’impression de ne pas avoir vraiment «coupé» avec le quotidien. Sans oublier, aussi, une certaine satisfaction narcissique : ne trouve-t-on pas certains avantages à cultiver l’impression de «ne pas pouvoir partir en vacances» ? Le sentiment d’être indispensable, par exemple...

SAVOIR DÉLÉGUER
Mais mieux vaut savoir renoncer à ces avantages. Les risques lorsqu’on ne prend pas assez de vacances sont réels : explosion (le fameux «burn out»), nervosité, agressivité, et par-dessus tout, manque de recul. En permanence le nez dans le guidon, on n’anticipe plus, on n’a plus de prospective sur son affaire. Une ou plusieurs coupures dans l’année sont donc indispensables pour se ressourcer, se donner l’envie de «réattaquer» de plus belle... Et ce, d’autant plus qu’on a des responsabilités et qu’on connaît le stress !
Pour Philippe Tramond, «la première chose à faire est de bloquer sur son agenda, en début d’année, une ou des périodes de vacances.» Comme ça, impossible d’y échapper... sauf cas de force majeure, bien sûr ! Et puis, pour pouvoir s’absenter dans la sérénité, il faut savoir déléguer, ce qui ne s’improvise pas. Si on n’a pas l’habitude de confier des responsabilités aux collaborateurs, on a le sentiment que tout départ tournera à la catastrophe... et de fait, c’est souvent le cas ! Ce qui renforce cette conviction d’être indispensable... et c’est le cercle vicieux. Corollaire : «des vacances réussies, cela se prépare», jugent nos formateurs. En prenant l’habitude, au cours de l’année, de déléguer certaines responsabilités. En laissant toutes consignes et numéros de téléphone utiles. Voire, pour les salons comptant plusieurs collaborateurs, en désignant un «bras droit».

DE L’ART D’UTILISER LE TÉLÉPHONE
Bien sûr, il faut pouvoir être joignable facilement en cas de gros pépin. Mais faut-il, soi-même, téléphoner ? Parmi les coiffeurs que nous avons interrogés, on rencontre toutes les options, de l’accro au coup de fil jusqu’au partisan du portable éteint.
Philippe Tramond est pour sa part adepte du rendez-vous téléphonique à une heure fixe décidée par le chef d’entreprise (c’est ce qu’il pratique lui-même chez Pilotis), au quotidien ou tous les 2 à 3 jours, selon la destination et le ressenti de chacun. Bien sûr, cela n’empêche pas les collaborateurs d’appeler à un autre moment en cas d’extrême urgence. Mais l’intérêt du rendez-vous à heure fixe, c’est que tout le monde le sait, et que l’équipe peut donc lister ce qu’elle a à transmettre. Et aussi que le chef d’entreprise a choisi l’heure qui lui convenait à lui. «Pour moi, un dirigeant ne décroche jamais vraiment, souligne Philippe Tramond, le tout est que ça ne soit pas «polluant» pour lui pendant ses vacances.» Ce qui s’avère d’autant plus indispensable quand, comme c’est souvent le cas dans l’artisanat, conjoint(e) et associé(e) ne sont qu’une seule et même personne. C’est le cas de Laurent Voisinet et de son épouse, qui s’interdisent de «parler boulot» en vacances.

SUIVRE L’EXEMPLE D’UN PROCHE
Il faut aussi savoir accepter que les problèmes ne seront pas réglés exactement de la même manière que si on tenait soi-même les manettes du salon. «L’essentiel n’est-il pas que les choses soient faites, et plutôt bien ?» interroge Patrice Martin. Question durée, l’idéal reste de fractionner, partir 2 ou 3 fois dans l’année (tendance générale de la société, d’ailleurs). Mieux vaut pas trop longtemps d’affilée (15 jours, c’est déjà pas mal) et plus souvent. Après, que faire en vacances ? Sport, jardinage, voyage à l’étranger ou bien farniente dans la maison de famille ? A chacun de trouver ce qui lui permet le mieux de se ressourcer... « On constate que les coiffeurs qui prennent le plus de vacances, conclut Philippe Tramond, ce sont ceux dont le(a) conjoint(e) est salarié(e) dans une autre entreprise... Ils ont découvert les vertus des vacances ! » La preuve par l’exemple

A MÉDITER...
Philippe Tramond rappelle : «Un ancien dirigeant de la société Chrysler disait : «Je ne confierais pas la conduite d’un projet important à un cadre qui ne sait pas organiser ses vacances... car comment pourrait-il alors s’organiser dans sa vie professionnelle ?» Pourtant, les Anglo-Saxons n’ont pas la réputation d’être férus de vacances !


 TEMOIGNAGES

CLAUDE TARANTINO (7 SALONS EN LORRAINE) :
« Ordinateur et ‘points’ téléphoniques
»
«Quand je pars, tout est structuré, tout le monde est en place  ; cela dit, en tant que chef d’entreprise, on ne débranche jamais totalement. J’emmène mon ordinateur, que je consulte de temps en temps : relié aux entreprises, il m’indique les chiffres d’affaires par salon, par collaborateur... Surtout, les managers m’appellent tous les 2 jours, dans la soirée : comme ça, je suis tranquille ! Cela dit, la conversation dure très peu de temps, ils ne rentrent pas dans tous les détails, ils m’épargnent beaucoup ! Je prends 5 semaines par an : l’été, je n’aime pas partir loin, je vais dans ma maison sur la Côte d’Azur. Pendant l’année, j’aime bien voyager, retourner sur les lieux de mes origines familiales : Argentine, Naples... Je suis peut-être un grand sportif avec les ciseaux, mais en vacances, je suis très feignant !»


LAURENT VOISINET (3 SALONS «LES ASTUCES DE LAURENT» À TOURS) :
« On s’interdit d’appeler »

«Dans l’équipe, nous avons choisi de jouer la confiance totale. Je ne pars pas souvent, alors quand c’est le cas, je veux faire un break total. C’est d’autant plus important que mon épouse est mon associée ; du coup, quand on est en vacances, on ne parle pas des entreprises. Et on s’interdit d’appeler ! Bien sûr, les collaborateurs peuvent me joindre en cas d’urgence, mais si on commence à leur téléphoner, il y a toujours quelque chose : l’écran d’ordinateur cassé, un souci avec une cliente... Nous leur avons appris à être autonomes, ils ont les clés, le nom des fournisseurs... et, en cas de problème, gèrent. Sinon, je pense qu’il faut 15 jours minimum pour vraiment couper avec le quotidien : avant, je ne prenais qu’une semaine, ce n’était pas assez. Question destination, ça peut être loin ou proche, l’idée est de se vider la tête : la première semaine, c’est repos, calme, la deuxième, on est plus actif, visites, balades... Quoique à la fin des vacances, si on passe devant un salon, même à l’étranger, on ne peut pas s’empêcher de jeter un coup d’oeil... Là, cette année, ce sera à la dernière minute, un séjour trouvé sur Internet... pourvu qu’il y ait soleil et repos !»


PATRICK AHMED :
« C’est moi qui appelle »

«Au mois d’août, je ferme 2 semaines car je suis installé dans un quartier où les gens partent beaucoup en vacances, ça ne pénalise donc pas le chiffre d’affaires du salon. Cela permet de donner un coup de peinture, par exemple. Sinon, quand je pars à d’autres périodes, c’est moi qui appelle, à peu près tous les 2 jours, histoire de prendre la température. J’ai un responsable, une équipe autonome. De toute façon, de par mes activités, je suis déjà absent du salon 3 jours par semaine. Bien sûr, je suis joignable en cas de problème urgent, par portable, net ou fax.  Pendant l’année, je voyage beaucoup pour mon métier, du coup, en vacances, j’aime bien me poser dans le sud de la France, où j’ai de la famille. Ma priorité : mes 3 enfants, d’âges différents, ma femme... et aussi bien sûr le farniente !»


VANIA LAPORTE (2 SALONS «VANIA LAPORTE» À BORDEAUX)
« Je coupe mon portable ! »

«Pour moi, le responsable doit se vivre comme un élément de l’entreprise : par exemple, tout le monde déjeune au salon, moi y compris, alors que j’habite juste en face. De même, je prends, comme mes collaborateurs, 6 semaines de vacances par an, fractionnées bien sûr. Mon truc, c’est les voyages, et sac à dos, en immersion dans le pays ! On est déjà allé en Amérique Latine, dans les Pays baltes, au Maroc... Et là, je coupe carrément mon portable. Bon, j’écoute les messages de temps en temps... mais pas souvent. Le secret : c’est faire confiance aux autres. Et faire en sorte que tout le monde se sente responsable...»