Organiser des trainings en salon, c’est bien… surtout s’ils sont vivants, dynamiques et variés. L’Éclaireur a demandé leurs trucs et astuces à des habitués de ce type de formation. Tour d’horizon.
Pour Pascal Thénard, coiffeur à Bordeaux (salon « Pascal T ») et formateur (pour le centre lorrain « Elit’Academy » et Formazone notamment), il est très important de faire des trainings en salon… pour de nombreuses raisons ! En vrac : donner une meilleure image de l’établissement, permettre aux salariés d’améliorer la perception qu’ils ont d’eux-mêmes, et surtout doper le chiffre d’affaires ! Pour lui, « on ne décide pas sur un coup de tête, la semaine d’avant, de faire un training ! Il faut s’y préparer 3 semaines ou 1 mois en amont. » Notamment pour la sélection des modèles : là, on a le choix entre les amis de l’équipe, l’affichette apposée sur la vitrine du salon, ou bien les « réseaux sociaux » de type Facebook. Le nombre de modèles nécessaires varie selon le thème de la séance : si, bien sûr, on doit en prévoir un par participant pour les trainings de coupe, « pour les formations en coloration, deux collaborateurs peuvent travailler sur le même, même si l’idéal reste d’en disposer d’un par personne », note Pascal Thénard. Même si c’est « tout bénéf » pour les modèles, qui se font ainsi couper ou colorer les cheveux gratuitement, « rien n’empêche le coiffeur d’offrir un shampooing ou un soin à la fin de la séance », poursuit le professionnel bordelais.
UN TRAINING, POUR QUOI FAIRE ?
Question thèmes, le choix est vaste. Certains salons, très structurés (« Carré d’Art » à Reims, « City Art » à Thionville…), établissent de vrais plans de formation à l’année. Les trainings s’y insèrent tout naturellement. Bien sûr, les classiques séances axées coupe-couleur ont toujours la cote, de même que les chignons, surtout avant la période des mariages et autres cérémonies. Mais ce n’est pas limitatif. « N’oublions pas tout l’aspect ”soin au bac”, qui peut donner lieu à des trainings axés sur les massages et la relaxation. On peut aussi imaginer une session dédiée au make-up », souligne Pascal Thénard, qui est aussi maquilleur. Avec une constante : plus le thème est ciblé, mieux cela fonctionne. Une bonne idée : celle de Dominique Toscano (« Carte Blanche » à Metz) et Cécile Martin (« Ère Création » à Lyon), qui incitent leurs salariés à piocher dans la presse magazine les visuels susceptibles de booster leur créativité. Le but peut être de travailler telle ou telle lacune, de retransmettre les acquis d’une formation, ou aussi de proposer des services différents. Et, bien sûr, les trainings servent également à préparer des concours, qu’il s’agisse de l’équipe entière ou d’une seule personne.
ON FAIT COURT ET EFFICACE
Celui qui anime la séance n’est pas forcément à chaque fois le responsable du salon. Dominique Toscano : « Parfois, c’est un de mes collaborateurs qui a la charge de former les autres, par exemple lorsque c’est lui qui a assisté à un stage. Je lui laisse 1 ou 2 semaines pour intégrer ce qu’il a appris, se l’approprier… puis vient l’heure de le retransmettre aux collègues ! Cela le responsabilise, le valorise. » Et pour que la séance soit efficace, mieux vaut ne pas être trop nombreux. « Pour moi, s’il y a un seul formateur, on peut être de 5 à 7 participants pour la coupe, juge Magaly de Geyter (salons « Carré d’Art » à Reims). Parfois un peu plus, mais ce sera alors moins dynamique. Pour la couleur, les collaborateurs peuvent être un peu plus nombreux : ils se répartissent en ateliers. » Pour sa part, Cécile Martin préfère même se limiter à 3 ou 4 personnes pour tout ce qui est pratique, et à 5 pour la théorie (colorimétrie, etc.). Question timing, attention aussi à ne pas faire trop long : « Je fixe toujours à l’avance une durée, selon le travail à réaliser, souligne Dominique Toscano, en général 1 heure à 1 heure 30 : au-delà, l’attention se relâche… » Et, bien sûr, on n’occulte pas l’aspect convivialité : café-croissants le matin, et pourquoi pas une petite coupe de champagne certains soirs… « Un training, ça rebooste, ça remotive, et cela crée ou recrée des liens aussi ! » conclut Pascal Thénard.
Catherine Sajno
« TRAININGS D’ÉQUIPE ET INDIVIDUELS »
Dominique Toscano, salon « Carte Blanche », Metz
«En tant que membre d’H3, l’équipe de création de L’Oréal Professionnel, je fais travailler mes collaborateurs, lors des trainings, sur l’un des 6 visuel H3, pour qu’ils puissent proposer des coupes ”pointues” à la cliente. Je leur demande également de découper un maximum de choses dans les magazines, ce qu’ils aiment, pour les aider à le réaliser ! En plus des séances d’équipe, je fais aussi des trainings ”particuliers” : je suis à la disposition de mes collaborateurs tous les mardis soirs ; quand l’un d’entre eux se sent un peu faible sur tel ou tel point, je suis là pour lui expliquer. Cela porte sur des choses très concrètes : comment créer un volume, en enlever un… J’ai également préparé de cette manière une salariée qui passait un concours organisé au CAC, à Metz, qu’elle a d’ailleurs gagné. Dans le nouveau salon que je vais ouvrir, je pense aussi à instaurer des ”trainings clientes”, pour leur apprendre à se recoiffer. »
« PASSION ET CONCOURS PHOTO »
Cyrill Hohl, salons « City Art » à Thionville et « Avant Garde » au Luxembourg
«J’organise 2 trainings par mois dans mes salons. Ils peuvent être orientés sur les lacunes que j’ai perçues dans l’équipe ; d’autres fois, ils sont consacrés aux concours photo auxquels prend part le salon, aux collections que je prépare… Par exemple, en ce moment, on travaille le défilé du Salon Métamorphose, prévu au mois de mai ; en septembre, on participe aussi au concours de la Haute Coiffure Française. Préparer un concours photo nous demande 5 à 6 séances : on s’imprègne des directives de l’épreuve, on réfléchit tous ensemble à la coupe, à la couleur, au stylisme… Précision : je ne force jamais personne à venir à un training, cela se fait tout naturellement, car je n’embauche que des passionnés ! »
« PERMETTRE AUX COLLABORATEURS DE NOS DIFFÉRENTS SALONS DE SE CONNAÎTRE »
Magaly de Geyter, salons « Carré d’Art », Reims
«Nos 4 salons comptent au total 35 collaborateurs, que nous formons beaucoup. Je m’apprête justement à faire évoluer la formule : désormais, les apprentis en CAP et BP seront séparés des coiffeurs plus confirmés. D’autre part, les séances avaient toujours lieu le lundi, on va en organiser aussi le mardi matin. Les trainings s’intègrent dans le plan de formation défini chaque année ; et comme nous avons plusieurs salons, ils permettent également aux collaborateurs de se rencontrer et de se connaître. D’ailleurs, nous n’oublions jamais l’aspect convivialité (par exemple : petit déjeuner et café si c’est le matin) ! »
« AUTOUR D’UNE GRANDE TABLE… »
Cécile Martin, salon « ère Création », Lyon
«Comme j’ai des apprentis chaque année, j’organise des trainings chaque mercredi soir entre septembre et novembre. Pour le reste de l’année, j’établis une ”liste ouverte” faite de mes idées et des leurs : ils s’inscrivent à ce qui les intéresse ! Les séances sont très ouvertes : à mes apprentis et salariés, bien sûr, mais aussi aux apprenties de certains confrères, aux copines de classe des miennes… Les thèmes sont en revanche très ciblés, pour éviter de se disperser : le balayage au peigne, la coupe lionne, etc. Ces soirs-là, je rajoute dans le salon une grande table : on travaille tous ensemble tout autour, cela facilite les échanges et le respect des consignes ! »
QUAND ORGANISER UN TRAINING ?
Qu’on le déplore ou non, l’époque n’est plus, pour les salariés et apprentis, aux heures de travail que l’on abattait sans compter. Du côté de la Fédération nationale de la coiffure, on précise que les « actions de développement des compétences » sont en principe réalisées pendant le temps de travail. Sauf « accord écrit » entre le salarié et l’employeur, qui peut prévoir le déroulement d’heures de formation hors temps de travail (dans la limite de 80 par an), pourvu que celles-ci soient imputables au plan de formation, et en contrepartie du versement d’une allocation. Dans la pratique, les trainings ne font pas forcément l’objet d’une demande de prise en charge par l’Opcams. De fait, la plupart des chefs d’entreprise interrogés « se débrouillent », alternant les trainings réalisés sur le temps de travail (éventuellement en fermant l’établissement une heure plus tôt) et ceux programmés hors temps de travail (en soirée ou le lundi), quitte à accorder des temps de récupération aux employés. Certains responsables de salons les organisent systématiquement hors temps de travail, sans obligation pour le salarié d’y assister… une participation « qui se décide tout naturellement » pour certains, liée à la passion et à l’investissement dans le métier.
UN TRAINING RÉUSSI, C’EST…
• une préparation à l’avance (3 semaines, 1 mois)
• un fil conducteur bien ciblé
• une durée limitée (1 h 30, 2 heures)
• un nombre de participants réduit
• beaucoup de motivation… et de bonne humeur !