Comme nombre de professions, la coiffure a mis en place un système de protection sociale, rassemblé sous l'égide des Institutions de la Coiffure. Une action aux multiples facettes...Si le risque zéro n'existe pas, des filets de sécurité, en revanche, ont bien été imaginés pour pallier d'éventuels problèmes. Les Institutions de la Coiffure regroupent les régimes de retraite (IRPC), de prévoyance (INPCA) et de santé (MNM) de la coiffure. Les garanties proposées concernent avant tout les salariés, ce qui comprend d'ailleurs les responsables de salon salariés (les travailleurs non salariés dépendant du Régime Social des Indépendants ou RSI), ainsi que les retraités ; certains services peuvent intéresser les chefs d'entreprise. Les Institutions de la Coiffure ont rejoint le groupe AG2R, groupe interprofessionnel spécialisé dans la retraite et la prévoyance.
Bien sûr, dans ce cadre professionnel, impossible de faire jouer la concurrence, de choisir de s'adresser à telle ou telle compagnie d'assurances. Le caractère obligatoire de la fameuse "mutuelle", créée en 2000, est parfois aussi pointé du doigt. Impossible par exemple, pour une coiffeuse salariée "couverte" par la complémentaire santé de son mari, de se passer de la mutuelle professionnelle. Toute médaille a son revers ! "Mais ce côté professionnel, c'est aussi cela qui fait notre force", plaide Jacques Minjollet, directeur au sein d'AG2R des Institutions de la Coiffure. "Il faut savoir que dans les conseils d'administration des 3 entités, sont présents des coiffeurs qui analysent les besoins des uns et des autres. La gestion est paritaire : CNEC, FNC, et syndicats de salariés. Et après tout, dans beaucoup de grandes entreprises hors coiffure, les salariés doivent également adhérer à la complémentaire santé "maison". D'autre part, en cas de dépense "lourde" type dentaire ou optique, la mutuelle "coiffure" peut venir compléter celle du conjoint, pour un remboursement optimal (dans la limite bien sûr des frais engagés !).
DES OPPORTUNITÉS PARFOIS INEXPLOITÉES
Cela dit, nombre d'aspects demeurent méconnus des bénéficiaires potentiels eux-mêmes. "Souvent, nous apprenons un an après, par le biais de nos commissions sociales, le décès ou l'invalidité de telle ou telle personne : la famille n'avait même pas songé à réclamer les sommes, parfois bien utiles, auxquelles elle pouvait prétendre", regrette Jacques Minjollet. Ainsi, le capital décès revenant à un collaborateur marié et ayant un enfant à charge atteint tout de même 180 % du salaire annuel... soit presque 2 ans de salaire. Jacques Minjollet estime que, pour un coût somme toute limité, réparti entre l'employeur et le salarié, la protection sociale assurée est "équivalente à celle d'une grande entreprise".
Les garanties complémentaires peuvent également être souscrites par l'entrepreneur individuel : ainsi, un des produits proposés permet d'assurer l'avenir de ses proches en cas d'invalidité ou de décès survenant avant 60 ans, et un autre, de couvrir les frais d'obsèques ; il existe également une assurance dépendance. Les Institutions de la Coiffure développent par ailleurs un volet d'aide sociale de type "aide aux vacances", "aide d'urgence" (acquisition de matériel médical lourd, aide aux loyers...), maintien à domicile des personnes âgées ou handicapées... Bien sûr, ces aides concernent au premier chef les salariés, mais dans le cas de retraités, elles s'adressent également à ceux qui ont passé une grande partie de leur vie professionnelle en tant que salarié, soit une proportion non négligeable des chefs d'entreprise (ceux-ci bénéficient par ailleurs des dispositifs mis en place par le RSI). Des séjours de vacances sont proposés aux retraités non imposables. Des stages d'initiation à l'informatique ont également rassemblé de nombreux seniors désireux de "chatter" avec leurs petits-enfants.
DES ACTIONS CIBLÉES "COIFFURE"
La gestion paritaire a aussi entraîné la mise en place de "services périphériques" spécialement ciblés en direction de la profession. Ainsi, un numéro vert, Prima Coiffure (0 800 800 195), permet d'obtenir des informations dans des domaines très divers (y compris le juridique ou le social)... tant il est vrai qu'en cas de situation douloureuse (parent âgé dépendant, décès d'un conjoint...), la collecte de renseignements peut prendre un temps considérable. Salariés, employeurs et retraités peuvent y faire appel. Les champs d'intervention sont très divers : les problématiques liées à l'incapacité de travail, au décès du conjoint (formalités administratives, solutions envisageables) ; les risques professionnels ; les soucis liés au vieillissement ou au handicap (notamment la recherche d'un hébergement)... "Outre la puissance d'information du service, souligne Jacques Minjollet, la dimension "accompagnement" est importante : les gens sont rappelés pour un complément d'information ou pour le suivi de leur situation."
Autre point spécifiquement étudié pour la profession : la "garantie maintien de salaire". Cela fait partie des choses auxquelles on ne pense pas lorsque tout va bien... mais il faut savoir que lorsqu'un salarié est en congé maladie, la convention collective de la coiffure prévoit que l'employeur lui verse une partie de son salaire (qui s'ajoute aux indemnités prévues par la Sécurité Sociale). Plus précisément, cette obligation démarre à partir du 11ème jour d'absence du collaborateur jusqu'au 90ème (date à laquelle il passe en "longue maladie"). La partie qui reste à la charge de l'entreprise dépend de différents paramètres, comme l'ancienneté dans l'entreprise, mais de toute façon, cela peut constituer une charge importante pour une petite structure en cas d'absence prolongée. Grâce à la garantie "maintien de salaire", l'employeur est remboursé de la partie du salaire à verser et des charges sociales patronales, ce qui peut représenter un soulagement appréciable et même permettre d'embaucher un remplaçant.
Les Institutions de la coiffure et AG2R s'engagent également dans diverses campagnes de prévention. "Dans ce cadre, nous avons réalisé une étude avec un ergonome, portant notamment sur ces fameux TMS (troubles musculo-squelettiques) qui concernent tant de coiffeurs, et la façon de les éviter ou de les limiter", explique Jacques Minjollet. Un document envoyé à tous les salons et à de nombreuses écoles de coiffure synthétisait les résultats. Les enseignants ont ainsi été amenés à le distribuer à leurs élèves. Actuellement, l'heure est à l'élaboration d'un système d'épargne salariale pour la profession. Bref, les projets ne manquent pas...
JEAN-JACQUES PILLOUX, À LA TÊTE DU SALON "JULIETTE ET JACQUES" À LYON ET PRÉSIDENT DE L'UNION DÉPARTEMENTALE DU RHÔNE
"Je conseille la garantie maintien de salaire"
"A titre personnel, j'ai souscrit la garantie "maintien de salaire", et je la conseille aux coiffeurs que je rencontre. Financer la majorité de la rémunération d'un ou plusieurs collaborateurs absents peut très vite représenter une lourde charge pour une petite structure, voire la mettre en difficulté. Je trouve que pour un coût modeste, cette garantie évite des soucis financiers à l'entreprise et met en confiance le responsable. Puisque le salaire des absents est pris en charge, il peut ainsi recruter en CDD et maintenir son chiffre d'affaires."
GHISLAINE PETIT, "RELIEF COIFFURE" À CHAMBÉRY
"Deux salariées malades cette année"
"J'ai aujourd'hui 3 collaboratrices, qui ont toutes une ancienneté assez importante. ça commence à être délicat en termes de gestion ! Lorsque j'ai reçu les documents des Institutions de la Coiffure me proposant la garantie "maintien de salaire", je l'ai souscrite. Elle n'est pas très coûteuse... et bien m'en a pris : cette année, au printemps, deux de mes collaboratrices sont tombées malades ! L'une s'est absentée 3 semaines, l'autre un mois et demi. Or, dès le 11ème jour d'absence, l'entreprise aurait dû prendre en charge une grande partie de leur salaire. La garantie a joué sans problème."
JACQUES GUINEFOLEAU, COIFFEUR RETRAITÉ
"Je ne savais pas trop à qui m'adresser"
"J'avais un salon au Plessis-Grammoire, à quelques kilomètres d'Angers. J'ai pris ma retraite il y a 2 ans, et du coup notre maison représente une charge un peu lourde pour nous. Nous envisageons de la vendre et de retourner en location. J'avais donc besoin d'adresses d'organismes susceptibles de prendre en charge le dépôt de garantie qui sera exigé. J'ai appelé le numéro vert Prima Coiffure un vendredi, ma demande a été transmise et on m'a rappelé dès le lundi pour me communiquer quelques adresses à Angers. J'aurais aussi pu demander des informations plus fouillées, avec envoi de documents. C'est pratique, car dans ce genre de cas, on ne sait jamais trop où s'adresser."
L'Eclaireur