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La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com

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L' équipe de la rédaction de L' ECLAIREUR composée de  Brice Thiron, Florence Baumann assisté de l' éditeur Christian GUY ainsi que d' autres contributeurs occasionnels ont  réuni les archives de L'ECLAIREUR,  Vous bénéficiez ainsi de plus de 75 ans d' expérience de la coiffure cumulées par nos équipes,  lesquelles ont interviewé  les plus grands professionnels,  dans tous les métiers.

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18 mai 2010

Bonsoir,

Pourriez vous m'indiquer quelles seraient les mesures concrètes que je pourrais à prendre pour lutter contre les nuisances sonores dans mon salon?

Marie Helene

Musique forte, sèche-cheveux à la puissance maximale et sonneries de téléphone stridentes rythment le quotidien de nombreux salons de coiffure qui en ont laissé au vestiaire toute notion de convivialité. Plus grave, ces bruits permanents provoquent, outre du stress, de réels problèmes d’audition pour les professionnels. Lesquels prennent petit à petit conscience que des solutions existent. Le bruit, une nuisance dont on parle ? Pas si facile à entendre, pourrait-on ironiquement répondre... Mais le problème est aujourd’hui bien réel, et les salons de coiffure ne sont qu’au début d’un long processus de réflexion et d’action sur le sujet. Surdité, migraines, stress ne sont que quelques-uns des maux causés par les décibels qui s’emballent. Et depuis les années 1990, les risques ne font que croître avec des sèche-cheveux toujours plus puissants et des rythmes musicaux qui suivent la cadence. « De 500 watts au début, les sèche-cheveux n’ont jamais cessé d’augmenter leur puissance. Le cap des 1 000 watts a été franchi dans les années 1980 et aujourd’hui, on dépasse allègrement les 2 000 watts. Or qui dit puissance dit bruit. Et, malheureusement, c’est comme pour les voitures : dans l’inconscient collectif, le bruit reste synonyme de puissance et donc de qualité », regrette Michel Guillosson, pdg de Velecta Paramount. Pour Michèle Duval, secrétaire générale du Conseil national des entreprises de coiffure (CNEC), « la prise de conscience est ancienne mais la préoccupation est récente ». Autrement dit, les problèmes de surdité et autres migraines, on en souffre depuis longtemps, mais on n’en parle pas. Un choix limpide et logique puisque pendant longtemps, les progrès techniques ne permettaient pas d’entrevoir une éclaircie en la matière. Dire qu’aujourd’hui tout a changé serait faire preuve d’un optimisme exagéré. Mais il est incontestable qu’aux améliorations techniques s’ajoutent des démarches proactives dans de nombreux salons.

UNE RUPTURE TECHNOLOGIQUE ENCORE À VENIR
A tout seigneur tout honneur ! Le sèche-cheveux est incontestablement le plus mauvais élève de sa classe. A tel point que toute discussion digne de ce nom était vouée à l’échec dès qu’un seul d’entre eux fonctionnait dans un salon. Mais ce temps est peut-être révolu, ou presque, grâce au modèle Envy 2 Silence 1 600 watts de la marque Velecta Paramount qui ne produit « que » 62 décibels, là où la concurrence est plus proche des 70 décibels. Il est d’ailleurs l’un des seuls appareils à respecter la législation européenne(1), qui a pour objectif de mettre fin à toute exposition prolongée à plus de 65 décibels. « Cette différence peut paraître infime, mais elle change tout. Une réduction sonore de 5 décibels équivaut à trois fois moins de bruit entendu », explique Michel Guillosson. Lequel affirme que la vraie rupture technologique est encore à venir. « Nous avons déjà des prototypes plus légers, plus puissants et encore plus silencieux », affirme-t-il ainsi, tout en se gardant bien de citer le montant des ventes de l’Envy 2 Silence 1 600 watts. « Vous ne me croiriez pas… », ironise celui qui loue la qualité de ses équipes, lesquelles planchent sur la question depuis plus de 10 ans. Outre le Canada, le Japon et une dizaine de pays européens, la France est tombée sous le charme de ses appareils. Le CNEC a d’ailleurs signé un contrat de partenariat pour en promouvoir les mérites.
A deux pas de la place de la Bastille, au cœur de Paris, le salon Coiffure & Nature a investi pour s’équiper uniquement de ce sèche-cheveux. Né avec une déficience auditive, Georges Bacon a en outre été victime, il y a 3 ans, d’une baisse de l’audition de l’autre oreille, désormais appareillée. Sensibilisé comme personne à cette question, il reconnaît « que les problèmes auditifs ne sont pas un sujet de conversation entre coiffeurs ».  Dans son salon cosy où les pierres apparentes et le bois dominent, l’imposante voix du chanteur Barry White qui sort des enceintes est canalisée, et les discussions se font naturellement plus douces. Et c’est tout logiquement que Georges Bacon vient de créer un magnifique espace de soins, situé de l’autre côté de la rue, en veillant à le rendre accessible à tous, « quel que soit le handicap », assure-t-il.

« PLUS PUISSANTS, DONC PLUS EFFICACES »

Le son de cloche est bien différent, plus fort pourrait-on dire, dans les salons Coiffirst. Ici, la priorité est à l’efficacité. « Nous avons les sèche-cheveux les plus puissants, donc les plus efficaces », affirme ainsi Eric Pfalzgraf, créateur de l’enseigne qui compte aujourd’hui pas moins de 400 collaborateurs à travers le monde, 6 salons sur Paris et une taille moyenne de 250 m2 par unité. « Croire que les appareils les plus bruyants sont les plus puissants, donc les plus rapides à sécher, est un raisonnement fallacieux », précise pour sa part Michèle Duval, qui reconnaît qu’il faut désormais informer et sensibiliser les professionnels du secteur. Pour Alain Teixeira, responsable du salon R Végétal niché dans le 10ème arrondissement de Paris, avec vue sur le canal Saint-Martin, la prise de conscience du bruit de ses sèche-cheveux est contenue par le réalisme économique : ses finances se ressentent encore d’importants travaux intérieurs. Pour son futur équipement, il ne se tournera pas vers la marque française mais optera pour le concurrent américain Pacific Show. Sur le site internet de ce dernier, on peut lire que leurs produits sont dotés « d’un moteur silencieux » mais aucun chiffre n’est donné pour corroborer le message publicitaire.

BAISSER LA MUSIQUE…
S’il existe une autre source de nuisances sonores dans les salons de coiffure, c’est bien la musique. Sur ce point, deux grandes tendances se dégagent. Pour certains, la musique relève de l’identité du salon et celle-ci doit s’imposer coûte que coûte. Pour d’autres, en revanche, l’ambiance musicale accompagne tout en douceur l’activité du salon. Chez  Coiffirst, la dimension des salons, qui peut aller jusqu’à 1 000 m2, permet de découper les espaces pour créer des ambiances musicales différentes. Au rez-de-chaussée, les décibels s’imposent ; à l’étage, on baisse le son. Et si l’architecture du lieu le permet, Eric Pfalzgraf crée des cabines totalement isolées du bruit ambiant à l’aide de double-vitrage. C’est également lui qui s’occupe du choix des thèmes musicaux qui passeront dans les semaines à venir. Dans le même registre, Alain Teixeira accorde une attention toute particulière à la qualité et au niveau sonores de son salon. Il se souvient encore amèrement de son passage chez d’autres coiffeurs, où pas un jour ne passait sans qu’une cliente ne demande à baisser la musique. Ses préférences le poussent à donner une large place au jazz et à des playlists soigneusement créées sur le site de musique Deezer.com. « Nous ne voulons pas seulement consommer de la musique. Nous désirons partager des choix précis avec notre clientèle. A l’exception de la radio FIP(2), nous choisissons exactement les morceaux que nous passons », explique-t-il. Bref, de la qualité à un niveau sonore tout à fait maîtrisé, en accord avec un concept qui privilégie les produits « bio » et le développement durable. Cette philosophie se prolonge jusqu’à la sélection du téléphone, « dont le premier critère de choix était la qualité des sonneries », précise Alain Teixeira. Car même si la tendance est de plus en plus au « sans rendez-vous », la succession des appels tout au long de la journée peut finir par se révéler dangereuse pour la santé. Et, malheureusement, les appareils de téléphonie fixe ne sont pas encore passés en mode vibreur…

DES SOLUTIONS SIMPLES
Aujourd’hui, le bilan médical est plutôt lourd et les langues se délient doucement, parallèlement à l’émergence de  progrès techniques qui permettent d’entrevoir de vraies solutions. Les premières touchées sont les femmes, 85% de la profession, qui, de par leur taille, sont souvent plus proches du sèche-cheveux. Aucun chiffre officiel n’existe mais il est probable qu’une grande majorité des coiffeurs est concernée par la question. D’autant plus que l’on rentre jeune dans le métier, dès 16 ans parfois. Pour le CNEC, il est temps d’agir. Prochainement, un questionnaire sera envoyé à ses 3 000 adhérents, qui comprendra entre autres des questions sur les dépenses d’énergie, la santé au travail et, bien sûr, les nuisances sonores. « Pour ceux qui le voudront, un audit sera réalisé dans le salon afin d’obtenir un label développement durable », explique Michèle Duval. Quant aux coûts d’équipement pour réduire les nuisances sonores, ils diffèrent en fonction des solutions envisagées. L’Envy 2 Silence 1 600 watts coûte autour de 100 euros.  Pour Michel Guillosson, « il est important de ne plus considérer les accessoires du coiffeur comme de simples consommables, mais bel et bien comme des outils essentiels dont la qualité va influencer son travail et sa relation avec la clientèle ». Côté architecture et aménagements des salons, il reste beaucoup à faire. Seule une sensibilisation en amont contribuera à ouvrir de futurs lieux conformes aux règles du développement durable, notion fourre-tout mais porteuse d’actions concrètes. Difficile de réaménager l’existant, de créer des espaces dédiés dans lesquels musique et bruit de fond ne pénètreraient pas. Pourtant, voilà probablement une solution toute trouvée pour limiter les décibels et différencier les espaces par des ambiances musicales spécifiques, jusqu’aux toilettes pour certains !  Tel est le pari d’Eric Pfalzgraf dans ses salons Coiffirst. Parfois, certains remèdes sont  simples, voire de bon sens. Eviter la peinture laquée, qui renvoie le bruit, et privilégier les grandes tentures épaisses qui l’absorbent. Grâce aux progrès techniques et à l’émergence du débat sur les nuisances sonores dans la profession, il est désormais possible de travailler dans un salon de coiffure en toute quiétude. Certes, le bruit est une nuisance dont on parle encore doucement. Mais c’est déjà une belle preuve que la profession n’est pas sourde.

 

 

 

L’EUROPE NOUS PROTÈGE
Avec la mise en place du programme Reach, approuvé et anticipé au niveau de la Fédération des Industries de la Parfumerie (FIP), l’Europe a enfin permis que soit rendue obligatoire l’évaluation des risques induits par les produits chimiques en circulation dans l’Union. Dans le prolongement de cette logique de contrôle, ce printemps, la Commission s’est saisie du dossier des teintures capillaires, trop souvent citées dans des cas d’allergies pour de nombreux ingrédients. Contrairement à une idée répandue, les industriels de la santé s’inquiètent depuis des années puisque, par exemple, la première étude sur le cancer de la vessie remonte à 1895 avec une première véritable enquête épidémiologique réalisée dès 1950. Alors que la volonté de substitution totale des produits incriminés ne remonte qu’aux années 80, dans la foulée des premières directives de la Communauté économique Européenne (CEE), en 1968 !

 

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